" L'amour naît d'inanition et meurt de nourriture." Alfred de Musset
" Quand on dit ce qu'on ne devrait pas dire, on s'expose à entendre ce qu'on ne voudrait pas entendre. " Chilon
Un fil... Un simple fil... Juste une petite fibre vibrante et soyeuse... Si fragile... Si douce... Si belle lorsqu'elle brillait dans la lumière... Oh! Et comme on avait peur qu'elle ne se brise... Comme on était terrifié, complètement paralysés à l'idée que l'autre ne la fasse vibrer trop fort, trop vite, ou avec un simple zest d'acide méchant, qui aurait pourtant suffi à sa perte. Jolie plume sur le vent du hasard... Jolie plume dans l'ouragan des mots... Petit oiseau voletant tant bien que mal sur la mélodie des faux-semblants.
Il était si gracile ce petit rien qui était tout. Pourquoi les autres l'ont-il haï ainsi? Pourquoi ont-ils craché ainsi dessus, comme on crache sur quelque chose d'odieux? Pourquoi... Pourquoi... Pourquoi... Toi? Moi? ... Nous? Un grand point d'interrogation qui importe peu, comme une lune grise dans un ciel noir qu'on ne regarde pas. C'était si simple et si compliqué à la fois, c'était si peu et tellement, c'était être rassuré et mourir de peur, c'était geler et fondre, vouloir et douter, sourire mais pourtant pleurer. C'était si chaud au creux de toi... C'était si étrange de ne plus avoir peur le temps d'une éphémère éternité... C'était si bizarre de pouvoir pleurer sur une poitrine sans inutiles questions. Alors pourquoi...
Pendant un temps on parvient à oublier le crachat de dégoût qui coule encore sur votre visage, on parvient ingénument à omettre le mépris qui dégouline des murmures, on parvient à sourire, sans contre-façon, on parvient à rire, à aimer pour de bon. Mais comment de pas entendre les sinistres souffles qui vous glacent le cœur, comment ne pas se laisser ronger par l'acide des doutes, par la fumée de la douleur? Cela, parait si facile... pourtant... non, non ça ne l'est pas, pas du tout même. Parce que quand on a un cœur qui peut aimer grand comme ça, qui peut aimer tous ceux qui l'habitent avec le même infini étrange et sincère, alors on ne peut pas se permettre de faire la sourde oreille. On ne peut pas se permettre d'être aveugle, on ne peut pas. On ne peut pas. Alors on pleure, parce qu'on paie. On paie pour avoir dit "oui". On paie pour avoir oser sourire, on paie pour avoir omis d'être désolée, on paie pour avoir eu avant. On paie encore et encore, même si on n'a plus rien à donner, on paie avec ses pleurs, on paie avec son sang. On paie pour avoir oser, on paie pour avoir essayer, et surtout on paie pour avoir gagner. ... Les victoires se paient... cela je l'ai compris maintenant...
Tourmente noire... Pourquoi tout tourna au vinaigre? Pourquoi le miel devint-il si aigre? Pourquoi? Pourquoi?!?! Toi aussi devais-tu me faire payer? Par ton incompréhension, ta naïveté, et ton humanité... oui, tellement humain... tellement mortel... tellement prévisible... Et pourtant... Pourtant je n'ai rien vu... Aussi aveugle que toi... Comme toi en fait... Aveugle de moi...
Du coq à l'âne, la discorde venait, et la faiblesse, la tienne à l'excuse la mienne au pardon, venait l'apaiser. Mais que peut-on, lorsqu'on est porté par des failles? De déséquilibre en raccommodage, ensuite, il fallut bien que je pense à ce moi dont je ne voyais même pas le fond, puisque toi-même te chargeait du tien. Répartition égale des tâches. Toi pour toi et le bonheur, moi pour moi et les larmes. Chacun à son habitude, chacun à la routine assignée par l'autre même. ... Mais même l'équilibre précaire finit en huile sur le feu. Tous deux coupables d'égoïsme, laissant l'orgueil accuser le miroir de sa faute. Orgueil... Orgueil... démon aux mille ruses cavalier de la rage, maître de nos fureurs.
J'ai pleuré. Tant pleuré. De ne pouvoir mériter ni le pile ni le face, de ne pouvoir ramasser qu'un lambeau de "peut-être", de n'avoir droit qu'à l'hypothèse d'une clémence humaine et partiale. Et vous, vous tous qui étiez autour à commenter et à juger, aviez-vous seulement le droit? Toi, cœur du mépris, n'était-ce pas le comble de l'égoïsme que de mettre sciemment entre mes mains le couteau pour me séparer le cœur? Et toi, toi qui faisait briller le fil... toi qui ne voyais que le bonheur... le nôtre... ce bonheur qui puisqu'il n'était que pour nous, n'était bon que pour toi... ce bonheur, ne voyais-tu pas qu'il me faisait pleurer lui aussi? Que nous n'avions pas les même yeux, pour y voir tantôt le soleil de la vie et tantôt le visage grimaçant de l'évidence?
Mais il a bien fallu un jour que le fil se brise... Tes mensonges dérisoires, mon désespoir grandissant, et ton dernier faux-pas... Ma première et ma dernière frappe. J'ai dit ce que jamais que n'aurais du dire. Sciemment, je me suis exposée. Cette douleur-là, je l'avais déjà pleurée, tant pleurée, trop pleurée. J'avais déjà versé mes larmes, je pensais avoir assez payer... mais je m'étais trompée. Voir la douleur et l'horreur dans tes yeux, ce n'était pas assez. Sentir la douleur dans ton coeur avant de couper le fil, ce n'était pas assez cruel. Te faire du mal de ma propre main et de ma propre volonté, c'était loin d'être assez, loin, très loin, de me faire assez de mal. Non, il fallait plus, plus, bien plus, encore et toujours plus. Car la vengeance n'a pas de fond. Pour moi qui ne sait même plus ce qu'est la vengeance... Pour moi, elle est simplement ta voix, elle est simplement tes mots, elle est juste cette lueur moqueuse dans le ciel, lorsque je détourne mes yeux plein de larmes devant ton regard que je n'ai plus le droit de voir.
Tu me connaissais. Tu savais, que le silence était ma plus dérisoire défense, comme ma plus grande faille. Tu savais que le calme après la tempête, que le désert immense à perte de vue à la sortie d'un rêve, était les meilleures aiguilles. Alors... Tu as craché, le venin que jusqu'ici tu réservais aux autres, tu as frappé, à mains nues, là où ça faisait mal, tu m'as frappée, fort, avec toute la rage de ton orgueil d'homme, avec toute la douleur et toute ta rancœur. Tu as oublié tes promesses. Toutes tes promesses. Tu as tout oublié. Ne gardant que la colère, la rage, la rancœur, la douleur, les insultes, les armes et les mots acides, la méchanceté, la cruauté. Là aussi, j'ai offert ma chair aux coups. J'ai laissé la fierté prendre le dessus, et j'ai répondu aux insultes, j'ai renvoyé la balle, j'ai sorti les crocs, j'ai craché ma bile. ... Toute petite... Minuscule, face à ta colère, face à la leur, face à tout le reste...