J'espère que Jimmy va pas la pousser à bout. Le connaissant il arrivera à s'en sortir, c'est la première qualité de ce petit con, l'instinct de survie. Enfin, après sa loyauté... Mais bon, dans l'immédiat,tout ce qui m'importe c'est de sauver ma peau à moi. Et vu que les forces déployées sont à peu près équivalentes à celle de la bataille des Balkans lors de la grande guerre, c'est pas gagné.
« Abattez-le, bordel ! »
Et ta sœur mon pote? J'ai survécu à tout, c'est pas vous qui allez me dessouder. Je pose le minigun, met le casque et c'est parti. Un saut de coté, un plongeon vers l'avant, deux balles bien placées, histoire de se faire les gradés... Profiter de l'instant de désarroi qui s'en suit, un saut au dessus d'une caisse, un coup de latte, un coup de lame dans le cou du soldat, une balle dans la tête du suivant, s'occuper des deux derniers de la même façon.
« Le voilà ! »
En même temps, vu le bordel que je cause, c'aurait été dommage que tu ne te joignes pas à moi Tibale. Enfin, au moins ca me donne une bonne excuse pour reculer et récupérer la mitrailleuse, réflexe utile, étant donné qu'ils ont eu la bonne idée de tous débarquer en même temps. Bah... comme ça, je vais pouvoir tester l'efficacité du boulot de Jimmy... Mettre des balles à tête creuse dans une gatling, faut être soit totalement irresponsable, soit totalement désespéré, et à vrai dire, je crois que c'est un subtil mélange des deux vu ma situation. Je rallume une clope, alors que les troufions se mettent en place. Sortir, doucement, en soufflant une volute de fumée par les narines, alors que la douce musique de crowbar me vrille les tympans, focalisant mon attention uniquement sur les choses vivantes... Observer leurs réactions, leur incompréhension.
« Mais qu'est-ce que...? Bordel de merde, à couvert, magnez vous... »
J'arme le calibre et déchaine les enfers... Le riposte est quasi immédiate, et la salle morbidement silencieuse se transforme en quelque secondes en un enfer de détonation, de poudre et de plomb...
« Descendez moi ce salopard !!! »
Tes hommes sont un peu dans la merde Tibale, et toi t'avais pas prévu ça je pense...
Pourquoi j'ai fait ça? Pourquoi j'ai accepté ce boulot? Alors que j'ai su dès la boite que ça ne pourrai pas marcher. Merde, pourquoi c'est dans ces moments là que je suis philosophe putain... Compenser le recul, balayer la zone de droite à gauche, je vois que leur nombre commence à diminuer, la ceinture sort, m'indiquant qu'il est temps de recharger... Je me planque, les laissant eux aussi respirer, recharge, et recommence. La cadence est infernale, mes bras me font souffrir même avec le volume à 50%, sans compter les éclats que je prends presque à chaque balle. Je pourrais faire un rapport complet à Jimmy sur les choses à améliorer au moins. Il n'en reste plus qu'une vingtaine quand l'arme s'arrête, au moins, elles auront bien fait leur boulot, en en dessoudant une bonne cinquantaine pour moi, heureusement que ça n'était que des conneries d'humains, et des jeunes vampires, pas que je sois très vieux, mais quand même... Le seul problème c'est que Tibale ne semble pas être la, ni dans les victimes, ni parmi les survivants.
Je pousse un peu le volume, freinant la douleur... Et m'attèle à la tache. Esquivant, tranchant, descendant les quelques types encore valide après le déluge d'éclats de toute à l'heure. Alors qu'il n'en reste plus qu'une dizaine, mon instinct me souffle de faire un pas de coté, alors qu'une balle de calibre 22 me passe à quelque centimètres de la tempe. Merde, il est là... et je ne le vois pas. Mon rythme cardiaque s'accélère... Ne pas céder à la panique, ca le rendrait plus fort. Autre balle, angle différent... Il se déplace, et vite... Haletant, je me rue vers la sortie du hangar, alors qu'une nouvelle balle s'écrase à quelques centimètres de ma position. Connaissant le bonhomme, il le fait exprès, salopard pervers...
Je me rue de couloirs en couloirs, essayant de lui échapper, dans un schéma tout à fait prédéfini. Alors que son excitation devant une chasse gagnée d'avance se sent jusqu'à moi. Merde, sachant qu'il risquerais d'entrer en jeu j'aurais du refuser. Mais bon, disons que c'était légitime, vu l'ampleur de cette saloperie...
Une balle m'oblige à changer de trajectoire, puis une autre, alors qu'on revient droit dans le hangar. En espace ouvert, avec toutes ces caisses, j'aurais peut être une chance... Tout au moins, une un tout petit peu plus grande. En espérant que la miss se sera remise, et qu'elle aura la bonne idée de ramener son joli postérieur par ici. En attendant, occuper ce salopard...
« Alors, ce comité d'accueil, pas mal hein? »
Pas de réponse...
« Nan, mais sérieusement? Tu t'y attendais pas... »
Changement de planque...
« Mais, la vache, tu t'en sors quasi indemne, tu m'étonneras toujours Tibale.
-C'est la différence entre nous deux... Tu es prévisible.
-C'est pas faux. »
Changement de planque, alors qu'une balle traverse la caisse derrière laquelle je me planquais...
« Mais en même temps, en 96, ca nous a pas sauvé que tu fasses de la merde. »
Une balle au même endroit, je l'énerve...
« Non, mais c'est vrai, je t'avais dit qu'essayer de me tuer, c'était pas un bon plan.
-Cette fois, je vais y arriver connard.
-Mouais, enfin, pour l'instant c'est pas gagné. »
Changement de planque, une balle me traverse le genou. Et merde, il était là. Il sort de sa cachette, le sourire aux lèvres, et s'avance vers moi lentement, en boitant et le visage criblé d'éclats... Au moins, j'aurais blessé ce salopard. Je m'adosse à une caisse, éreinté et blessé... n'empêche, j'ai quand même sacrément morflé pendant ce boulot moi...
« Alors, qu'est devenue ton insolence mon cher? »
Une balle dans le torse, puis deux, puis trois... Merde, cette fois-ci, je crois que c'est fini, et bien fini... Une dernière pensée pour Lune rouge... J'espère qu'elle s'en sortira...
Une autre détonation... Au moins je partirai le sourire aux lèvres...