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07. 12. 2008, 21:41

Aux lendemains du monde

Aux lendemains du monde

Aux lendemains d’une guerre qui avait défait la face du monde, les survivants ne savaient plus au nom de quelle divinité leur épée s’était mue. Devant la terre rougie de sang pour les générations à venir, la béatitude devant la grâce d’un Dieu ne pourrait jamais défaire de l’esprit des hommes le regret de voir si dévastées leurs cités aimées, leurs terres ainsi que leur âme.

Les boucliers de fer semblaient plus lourds et plus amers à la fois, comme si leur protection physique enlevaient l’innocence de l’âme. Chacun ne put faire autre chose que jeter son arme rougie au sol, dégoûtés de ses actes, comprenant la gravité du moment, découvrant comme au réveil d’une léthargie reposante le massacre que la terre avait connu.

Les hommes qui avaient trépassé en ce jour étaient probablement en un meilleur endroit que leurs survivants, de là où ils se trouvaient. Une bienfaisante lumière parmi les cieux au lieu d’une déchirante vérité sanglante, étouffante, réelle. Une terre morte, une armée décimée, un esprit collectif au désespoir. Une collectivité anéantie, un rêve bafoué, une existence meurtrie, un destin tragique…

Au nom d’une quête qui avait coûté un prix faramineux. Qui aurait pu se conclure dans un esprit de mots, par une élégie funèbre particulièrement longue. Au nom d’une mort frappante, mais qui s’était, bien sûr, conclue dans un excès de zèle carnassier. Une caractéristique des hommes.

La guerre était toujours préférable, autant qu’on puisse même y songer, lorsque la cause était juste. L’esprit de l’Homme est fait ainsi. Une cause défendue avec passion et dont les objectifs semblent nobles attirera la ferveur des soldats, de la nation, et des dirigeants. Mais l’avait-elle été un jour? Que pouvait justifier la perte d’un âge, la fin d’une ère? Une guerre? Un dieu? La liberté?

Ceux qui se tenaient encore sous la lueur du soleil rouge surent à ce moment que rien ne le pourrait jamais. Leurs fils et filles devraient vivre avec le souvenir et les histoires d’une grandeur qui ne serait plus. Un âge d’or venait de brûler à jamais, et ses cendres voleraient encore pour un siècle, bien qu’aucune voie ne permette de retrouver la source de leur provenance… Et les sages encore en vie feraient leur possible pour faire payer, avec leur silence, les crimes commis ce jour là… En une époque blessée, les esprits se referment, et les connaissances se perdent… Est-ce que les hommes pouvaient mériter la rédemption? Le pardon serait-il possible?

Pas après avoir vu émerger de ces hommes fiers et justes une si horrible rage de sang. Leur mémoire serait damnée jusqu’aux confins du temps. Un pardon inaccessible, une lueur trop faible dans la nuit pour éclairer les pensées de qui que ce soit. Un mal qui ronge le cœur des insoumis, qui rend perfide les plus innocents.

Une évidence pour tous, malgré le fait que ce soit la plus cruelle des illuminations. Une impossibilité insondable parmi les vestiges d’une paix qui avait été si longtemps maintenue. La rage du sang qui finit toujours par tuer la noblesse des cœurs.

Parmi les pulsations de la vie, d’aucunes ne viendrait la pureté nécessaire à l’obtention de ce fol espoir de retour en arrière. Les devins d’autrefois n’auraient pu prévoir une telle calamité. Qui aurait pu croire, en effet, que le monde qu’ils avaient connu alors, prospère, bien que contenant les maux du genre humain, puisse se venger des torts passés et permette l’anéantissement de leurs futurs?

On se mit même à regretter les tyrans qui, bien qu’ayant tenu d’une poigne de fer et restreint la dignité de leur peuple, avaient su le préserver, tant bien que mal. Le flambeau érigé au nom de la liberté et de la justice avait-il été si pur? De sombres pensées parcoururent les esprits tourmentés. Avaient-il été dupes de la plus grande évidence qui soit, dissimulée sous son aurore de grandeur et de justesse?

Seuls les hommes qui à présent n’était plus que l’ombre d’eux-mêmes ou défigurés par les blessures profondes auraient pu y apporter réponse. Ces hommes qui avaient défendu l’idéal avec une férocité surprenante, eux qui, par leur foi en un monde meilleur, avaient su soulever le peuple, ériger des montagnes qui seraient escaladées, et au-delà desquelles la liberté se trouvait là, à attendre.

Une liberté si invitante que même les plus sagaces ne pouvaient attendre qu’elle soit concrète. On la voulait, on la prendrait… Et ainsi les hommes partirent en croisade au nom de la liberté…

Ces hommes qui avaient oublié l’horreur de la guerre, tant ils croyaient en la justice de leur cause. Ces hommes qui avaient engagé une guerre qui ne devait pas finir… Une guerre, qui ne verrait jamais la paix, avant la fin et la destruction de leur monde…

Mais même en cet instant, aucun de leurs hommes n’eut le courage de les affronter. Eux aussi regardaient, par delà leur masque froid de droiture, cette terre, avec l’horreur et la désolation. Les âmes se replièrent sur elles-mêmes.

À quoi servirait en effet d’accabler de haine ceux qui les avaient encouragés, mais qui n’avait fait que mener la motion populaire à la destruction, destruction voulue et souhaitée, indirectement, par les hommes qui voulaient maintenant la vengeance?

Aucune volonté maintenant éclairée ne pouvait se permettre d’encore ajouter à ses tourments…

La fin de ce que l’on connaît peut-elle être acceptée, même si cela avait semblé être la meilleure solution? Pourrait-on un jour seulement envisager de rebâtir un monde qui s’était écroulé sous le joug de son peuple, par sa volonté et par la ferveur de ses dirigeants?

Même si les dieux leur pardonnaient sans doute, qu’en serait-il du pardon de leur mère, de leur femme, de leur propre famille? Comment la Terre pourrait-elle leur pardonner tout le sang qui avait coulé en son sein? Et plus important encore, comment pourraient-ils se pardonner à eux-mêmes?

Il n’en restait rien à présent, seulement un vide écrasant sous les collines de cette plaine damnée. Cette même plaine qui garderait à jamais le nom de « Terre du sanglant jugement ». Toute l’horreur de ces années ne pourrait se contenir dans une seule mémoire. On tenterait de l’écrire, mais jamais on ne pourrait faire comprendre à ceux qui viendraient ensuite ce qu’avait pu être cette guerre destructrice. Peut-être même était-ce souhaitable…

Alors, qui pouvait encore vouloir revivre cette infinie destruction? Qui pourrait vouloir enseigner à de futurs combattant ce qu’était la vraie nature de la mort, même si la vie coulait encore en leurs veines?

Et cela aurait été cruel et insensé de le faire. Les actes parlaient d’eux-mêmes. La moitié de la population disparue, d’une manière ou d’une autre. Le reste, une bande d’agneaux effrayés qui se réfugierait aux quatre coins du territoire pour tenter de panser leurs blessures.

Une poignée seulement se redresserait, fière, et fonderait les bases d’une nouvelle ère. Un royaume rendu bien faible et dont la destinée semblait incertaine. Qu’arriverait-il ensuite, en ce lendemain espéré? Y en avait-il seulement un?

Personne n’aurait pu en juger à cet instant précis. Pas lorsqu’on élevait les bûchers qui réduiraient en cendres les héros de cette ère. Avec leurs cendres, une partie du monde s’éteignait, tandis que l’autre se terrait aux tréfonds des êtres, dans la peur et l’infinie tristesse de la perte.

On voudrait oublier. La vengeance était inutile. On ne peut se venger de nous-mêmes. Les héros eurent la chance de voir leur âme apaisée des tourments de l’après guerre. Mais leur âme pourrait-elle seulement se frayer un chemin parmi les cieux? Le jugement leur serait-il favorable? Les dieux accepteraient-ils parmi eux des traîtres? Des meurtriers? Pire, des libérateurs perfides? Aucune certitude ne le permettait, trop d’horreur avait corrompu le cœur des hommes…Tous pouvaient le savoir.

Les plus vaillants, encore capables de quelque pensée, relevèrent les étendards rougis par le sang et salis par la poussière de la bataille. Et ils flottèrent là durant bien des tempêtes, bien après que le dernier des hommes eut quitté cet endroit maudit. Des étendards de morts, de massacres, de sang et de peur. On les solidifierait, afin que jamais un passant ne puisse oublier ce que la grandeur et les idéaux inaccessibles pouvaient amener… La désolation, la guerre, les complots, la trahison, la servitude, le désespoir, le carnage, et les ténèbres…

Le souffle du peuple reprit pourtant, et s’enhardit de nouveau. Les villes se rebâtirent, mais au loin pointait encore l’amertume du passé, non point oublié, mais seulement endormi. Jusqu’à la prochaine fois…

Ainsi en allait-il de la vie des hommes. Les royaumes se construisaient, des monarques régnaient, puis la paix perdurait. Il venait toujours un événement qui venait tout faire basculer, pourtant. Sans regret, avec fureur, sans vergogne. Le fléau s’abattait, provenant la plupart du temps de l’esprit même du peuple. Et la déchéance commençait. Peut-être cette fois cela serait-il plus lent, et les rois pourraient-il édifier les bases d’un monde plus solide, plus vrai? Cela pouvait durer des années, des siècles, mais le cycle recommencerait encore.

Il recommençait toujours…
Ex-ModoC
Ithiliana IG ID 13181
Méchante™ No 8


Ce message a été modifié 1 fois, dernière modification par "ithiliana" (19.12.2008, 23:15)


2

19. 12. 2008, 23:16

Bon, je suppose que mon texte dit ce qu'il a à dire... :p

aucun commentaire?
Ex-ModoC
Ithiliana IG ID 13181
Méchante™ No 8



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20. 02. 2009, 19:30

up
Ex-ModoC
Ithiliana IG ID 13181
Méchante™ No 8



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21. 02. 2009, 02:00

ithiliana, je post ici un truc (voir autre topic par Jrusalem) et je remarques ton topic. Je note aussi que tu n'as pas de réponses! Depuis décembre!!!, date de ta création. Aucune réponse c'est décevant. Perso je t'aurais déjà répondu si j'allais voir "nos oeuvres", mais j'y vais jamais sauf aujourd'hui!!!!
tu fais des "up" donc tu attends une petite réponse! Aussi je t'en donne une sur ton texte.
Ecoute, c'est vraiment bien écris! Tu écris bien, mais je n'ai pu lire que ta 1ere strophe et le reste en diagonale! On décroche rapido!
C'est pour çà que personne a posté! (au mieux)
Ceci dit, le peu que j'ai pu lire, c'est bien écris dans la forme! Peu de fautes, les phrases se tiennent!
Mais en te lisant, ca m'a vite barbé, ce que tu veux dire m'échappe, pfff j'ai décroché!
Ici les gens sont simples (as me) et demandent du concret!!! ((excusez les amis si je m'avance....) Je crois que tu as trop compliqué ton oeuvre... as-tu envoyé ton texte ailleurs, pour d'autres critiques plus constructives?

Bon, moi ce que je j'aime, c'est les 1eres phrases de ton histoire Après il me faut du concret: ou on va, le but, et surtout un héros!
(et une héroine!!!!!)

Voilà. Bises!
Un épisode des "Guerres du Sang": L'Origine!

(((en prépa: Vampyr-gruppen à Stalingrad)))

5

21. 02. 2009, 04:19

bon je vient de remarquer ton texte, et comme mon frère de secte l'a fait remarquer t'a besoin de réponses... il est 5h12, je n'ai pas dormi et mes yeux ne me permettent plus une tel lecture, de toute façon j'y comprendrais rien, autremen dit: j'ai pas ENCORE lu, je le ferais...

pour le moment j'ai une remarque a faire (rare quand on lis pas)

la mise en page n'est pas attirante, rien qu'en faisant descendre un peu la page on voit un gros pavé aéré assez indigeste,
rien ne saute a l'oeil particulièrement... mais vue l'espacement tu doit avoir beaucoup de phrase et pas des phrases longue, donc tu doit pas décrire d'action, aucun signe particulier de dialogue donc sa doit être un descriptif monologuiale (purement made in Ninix)...

essai donc de nous mettre une suite qui fasse avancer le truc, et utilise les premières phrase comme accroche, met en page de façon a ce que même sans lire on soit pas démotivé... je lirais après (un peu de sommeil) et te donnerai un humble avis sur le fond... pour la forme je pense que c'est tout.

Avec tout mes encouragements (qui on autant de valeur qu'ils sont utiles), Ninix.

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21. 02. 2009, 07:39

Èn fait, si vous lisez jusqu'à la fin, vous vous rendrez compte que ce texte est fait pour constituer un épilogue à un roman.. il ne peut donc y avoir de suites que de suites qui viendraient avant... donc une partie du roman en tant que telle...

En ce sens, il m'apparaît difficile d'expliquer une histoire que je n'ai pas encore écrite...

Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai écrit ceci après avoir lu le livre: Les lions d'Al Rassan de Guy Gavriel Kay, si vous connaissez ce surprenant auteur (il a notamment écrit la tapisserie de Fionavar et la mosaïque Sarantine)

Je suis surprise du regain d'intérêt que suscite cet écrit... j'en souscrirai peut-être d,autres, qui ceux-là sont des histoires avec actions et dialogues...

Cependant, je dois avouer avoir un faible pour les descriptions apocalyptiques et pleines de remords, semblables à celle présentée ici...

Merci à vous de vos commentaires, j'en prend note... ^^

-Ithiliana
Ex-ModoC
Ithiliana IG ID 13181
Méchante™ No 8



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21. 02. 2009, 10:29

J'avoue , j'avoue tout ! Moi aussi , au départ , j'ai franchement été découragé par la longueur de ton texte , et je suis directement parti voir les commentaires . Comme mes seconds de secte n'avaient pas vraiment lu , et que je suis leur gourou , je me suis senti obligé de lelire , ce texte . De plus , quand tu as dit : "Je suis surprise du regain d'intérêt que suscite cet écrit... " et "Cependant, je dois avouer avoir un faible pour les descriptions apocalyptiques et pleines de remords, semblables à celle présentée ici..." , je me suis dit : " Elle mérite au moins que son oeuvre soit lue , et de toute façon , moi aussi j'aime bien les descriptions apocalyptiques , donc ca devrait bien passer "
Et le fait est que oui , c'est bien passé , mais que je m'accoe avec JERUSALEM mon gran prêtre sur un point : tu aurais pu raccourcir !
J 'ai tout lu , et pourtant je n'ai rien trouvé dans la fin de ton texte qui ne soit pas écrit au début .
Positivement ,

Malékitho , grand gourou de la sainte secte :love: (engagez - vous :P )

PS :

Citation

La fin de ce que l’on connaît peut-elle être acceptée, même si cela avait semblé être la meilleure solution?
OUI !! (à mon sens )
¯¯¯¯¯¯``°¤ø,¸©¸,ø¤°`°¤ø,¸¸,ø¤°`°¤ø,¸©¸¸, ø¤°´´¯¯¯¯¯
"Diem perdidi ad kalendas graecas "
_____________________
"Virtus post nummos"
"Scio me nihil scire."

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21. 02. 2009, 17:26

ben en fait, tout le long du texte, j'insiste sur le fait qu'il ne reste rien, que l'espoir est perdu....

et à la fin, il y a un renouveau, le cycle recommence, la vie continue...
tout n'est pas perdu, mais la fin reviendra...

Ce en quoi le texte est apocalyptique, puisque malgré l'espoir qui semble pointer à la fin, je fais craindre déjà une lointaine identique apocalypse...
Ex-ModoC
Ithiliana IG ID 13181
Méchante™ No 8



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26. 02. 2009, 21:59

j'ai du lire le début 2-3 fois, mais par manque de temps j'ai pas pus finir, la je viens juste de le faire et j'ai aprécier le cadre, le contexte ainsi que le style d'écriture ainsi que l'atmosphère (ouais je sais contexte, cadre et atmosphère sont un peu synonimes...)
http://r1.fr.bloodwars.net/showmsg.php?mid=22500317&key=d1e509143e

Pseudo UT3 : Rachmaninoff