Tandis qu'en cette fin d'année aux horizons monotones,
Une fois de plus , je sens le souffle de l'automne,
Effleurer mon jeune visage
Déjà aigri et las
Et que devant moi se profile un avenir sans appâts,
Je songe avec tristesse à la splendeur passée du poète
Qui autrefois contemplait les comètes.
Il doit aujourd'hui mener un dur combat contre l'impitoyable réalité.
Il est fini,le temps des douces chimères!
Où,niant l'atroce vérité,
Tu évitais de contempler l'horrible médiocrité.
Pourquoi livres- tu un combat perdu d'avance?
Si ce n'est qu'au fond de ton coeur tu penses
Qu'il reste une lueur d'espoir,
Malgré la mélancolie du soir.
Narcisse,par son miroir absorbé,
Fini par périr noyé.
Bienheureux ceux qui,amoureux de leur image,
Ne furent jamais tentés,dans un accès de désespoir et de rage,
De briser leur reflet.
J'aperçois ,par cette nuit sans lune,
Un être égaré au milieu des dunes.
Il a beau crier,aucun son ne sort de sa voix.
Car ,ignorant de son coeur les émois,
Dame monde suit son cours.
Alors,songeant aux plus beaux jours de son existence passée,
Il se prend à envier l'existence des animaux,
Dont l'âme,simple et innocente,est à l'abri de tous ces maux.
Puis il retourne,résigné,aux incessantes errances,
De sa lourde et inutile existence.