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07. 09. 2008, 14:40

[RP Perso] Le Fils Du Dernier Des Rois Du Hålogaland

Ière Partie: La Guerre du Faux Dieu

Namdalen 880 après J.C.


L'ambiance est glaciale quand j'entre dans la salle principale. Mon père est déjà là, assis sur l'immense en trône en bois qui occupe le centre de la grande pièce. Erik, son conseiller, est juste à côté de lui, et il arbore la mine des mauvais jours. Mais ce qu'il y a de plus dur c'est de voir le visage de mon vieux père traversé par une angoisse mêlée de colère qui m'est sans aucun doute destinée. Sans même attendre que je le salue il m'interpelle:

"Brann, je t'avais prévenu mais là tu es allé trop loin, beaucoup trop loin! Tu savais que cet homme était un ami personnel d'Harald, maintenant je suis dans une position très délicate! Que vais-je lui dire? Et toi, qu'as-tu à me dire comme explication?"

J'en peux déjà plus, j'explose!

"Majesté vous ne voyez donc pas ce qu'est en train de faire Harald? Il va sacrifier notre royaume au nom de ce faux dieu, de cet avorton dont Thor aurait refusé pour son repas! Mais qu'est-ce qui vous arrive? Je..."

"Modère tes paroles en présence du Roi du Hålogaland, m'interromps Erik, tu es peut-être son fils mais il est encore ton souverain!"

"Paix Erik, paix", tempère le Roi.

Paix, il n'a que ces mots à la bouche ce vieux débile. Des hordes de moines sous l'autorité d'Harald vont et viennent à travers le pays, convertissant les paysans ignorants de leurs méfaits et tout ça au nom de leur Dieu Unique, et mon père n'a que ça à me dire? Alors que je suis un des seuls ici à tenter de m'opposer à eux! Ils doivent tous avoir perdu la tête!

"Père, vous savez bien ce qu'il adviendra de nous si nous laissons Harald mener ses projets à bien! Depuis Hafrsfjord nous ne sommes plus que quelques petits groupes à tenter de résister, laissez-moi rejoindre Karl sur les côtes islandaises et nous pourrons tenter de mener à bien une contre-attaque!"

Rouge de colère, le Roi se lève mais grâce à Erik il réussit à rester debout et déverse sur moi un torrent de haine qui s'interrompt en crachats ensanglantés:

"Contre-attaque?? Détruire une chappelle et massacrer trois misérables moines c'est ce que tu appelles une contre-attaque??? Nous avons perdu Brann, c'est terminé! Je vais bientôt mourir et je serais le dernier des Rois du Hålogaland. Tu sera vassal d'Harald, s'il te laisse la vie..."

Erik me lance un regard lourd de reproches, je comprends qu'il est temps pour moi de vider les lieux.

Une fois sorti le froid glacial fait retomber ma colère. Un plan, il me faut un plan. Je vais rejoindre Karl en Islande, tant pis si mon père n'est pas d'accord, nous allons tous les deux prendre la tête d'une coalition et bouter ce ramassis de crapules hors de nos frontières. Puis j'irais personnellement m'occuper d'Harald!

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07. 09. 2008, 15:35

Au large des côtes norvégiennes 886 après J.C.

Un désastre. Voilà ce qu'a été ma tentative dérisoire de rébellion, un putain de désastre. Karl est mort et je suis en fuite, et en plus on vient de m'annoncer que malgré sa promesse Harald a fait incendier le château de mon père. Après six longues années je rentre enfin au Hålogaland, mais pas en guerrier victorieux comme je l'espérais. Admettre la défaite n'a jamais été une de mes principales qualités. Je ne suis même pas mort glorieusement au combat, je n'ai même pas fuit, c'est la raison qui a fini par l'emporter.

Je ne vaincrais pas Harald, je ne serai jamais roi, c'est dur à accepter mais c'est ainsi. Et à présent mon regard est fixé sur cette immense colonnes de flammes que l'on aperçoit à l'horizon. Plus on avance plus j'ai l'impression que ce n'est pas le château qu'a brûlé Harald, mais bien tout le village. Je pense à Helga, que je n'ai pas vu depuis six ans, et à nos deux enfants Bjorn et Thorsten, qui doivent être grands maintenant, s'ils sont encore vivants. En pensant à eux la panique commence à me gagner, et je demande à mes hommes d'accélérer la cadence. Ils sentent mon angoisse, et eux aussi doivent être particulièrement inquiets cer nous nous approchons rapidement du port.

Le port est dévasté.

Nous accostons rapidement, et je me fraye un chemin parmi les cadavres qui jonchent le sol. Je reconnais des amis, des amis de ma femme, et je commence vraiment à craindre qu'il n'y ait plus le moindre survivant dans tout Namdalen. Les maisons sont soit détruites soit encore en flammes, en fait il me semble que l'incendie à commencé depuis de nombreuses heures déjà. Je me mets à courir en direction de mon foyer mais la fumée rend ma progression très difficile. J'aperçois enfin le toit de ma maison, ou plutôt ce qu'il en reste. Presque tout le bâtiment a brûlé, seuls quelques murs tiennent encore debout. La maison doit être une des premières a avoir été incendiée, mais aucune trace d'Helga ou de mes fils. Je prends la direction du palais royal qui se trouve non loin, mais je n'ai pas besoin de beaucoup m'en approcher pour constater qu'un horrible drame s'y est noué.

A quelque pas de la grande porte d'entrée, plantées dans le sol, se dressent cinq lances. Au bout de chacune de ces lances, les têtes de ma famille, ainsi que celles de mon Père et de ma Mère, figées dans une atroce expression de souffrance. Je tombe à genoux et m'écroule en sanglots, inconsolable.

Tout est de ma faute. D'ailleurs mes guerriers se tiennent à bonne distance de moi, comme si je portais malheur. Ils me laissent seuls dans cette épreuve et ce n'est que justice, c'est moi qui les ai emporté trop loin, j'ai causé la perte de tout le royaume. Je ne serais pas Roi car il n'y a plus rien qu'un tas de cendres à gouverner.

Je reprends rapidement mes armes et me retourne vers mes guerriers qui évitent soigneusement mon regard.

"Je pars. J'en m'en vais purger ma peine auprès d'Odin, nous nous reverrons peut-être à Ragnarok. Adieu mes amis, adieu."

Pas un seul ne me répond. Répudié, maudit par mes propres hommes, je recueille les têtes des membres de ma famille sauvagement assassinés dans un grand sac de toile que je balance sur mon épaule et prends la direction du Nord sans me retourner.

Ce message a été modifié 2 fois, dernière modification par "Eleonora" (07.09.2008, 15:43)


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10. 09. 2008, 17:34

Finnmark, non loin de Gjesvaer 886 après J.C.

Quatre jours que je n'ai rien mangé. Quatre longues journées d'errance à travers la lande désolée du Finnmark. Le soir tombe pendant que j'observe les allées et venues autour de la petite chapelle qui borde la route qui mène à Gjesvaer. La dernière messe vient de se terminer, et les quelques fidèles qui y assistaient sont en train de quitter les lieux. Le moment pourrait être propice à une attaque néanmoins il me semble que quelque chose cloche. Il y a des gardes autour de la chapelle, beaucoup de gardes. Trop. Et surtout, un grand chariot recouvert d'un toit en bois doré. Un ponte sans aucun doute, un envoyé d'Harald. Je me demande ce qu'il peut bien faire par ici... Qu'à cela ne tienne, j'attaquerais la nuit venue, quand les gardes seront endormis. Et puis si je dois mourir, au moins j'irais rejoindre Odin en combattant ses ennemis!

J'ai du mal à décoller du sol à cause du froid qui a engourdi mes membres. Il fait nuit noire sur la plaine, seul un petit feu autour duquel se réchauffent une poignée de gardes brûle encore. J'empoigne mes haches et je me dirige d'un bon pas vers les hommes qui ne se sont toujours pas aperçus de ma présence. L'obscurité est totale autour de moi, je ne fais qu'un avec la nuit. C'est dans ces moments-là que je porte le mieux mon nom, Brann-le-silencieux, un nom de combat qui n'a aucun rapport avec ma grande gueule mais plutôt avec ma capacité à fondre sur l'ennemi sans qu'il ne se doute de rien. Avant qu'ils n'aient eu le temps de se rendre compte de quoi que ce soit j'ai déjà décapité un garde, et je me dirige vers le deuxième. Il tente un mouvement désespéré pour se saisir d'une arme mais je suis plus rapide que lui, et d'une de mes haches je lui arrache littéralement le bras, tandis que de l'autre je crée un trou béant au coeur de ses entrailles. Il tombe rapidement à terre, mort. Je me retrouve face au dernier garde. Terrifié, il fait demi-tour et tente de fuir vers la chapelle mais ma hache se plante dans son dos et il s'écroule lourdement sur le sol enneigé. En m'approchant de lui je l'entends marmonner ce qui ressemble à une prière, une sorte de recommandation à son dieu. Ce doit être un dieu qui aime les faibles apparemment, et je l'envoie le rejoindre aussitôt, mû par une sorte d'envie irrépressible d'interrompre ses lamentations misérables. Thor nous préserve des chrétiens, ces pleurnichards ne sont bons qu'à se plaindre, bons qu'à mourir.

Je fracasse la porte de la chapelle d'un coup de botte et pénètre dans le lieu sacré. Les gardes qui dormaient à l'intérieur du bâtiment sont en train de se réveiller, alertés par le bruit de la tuerie. Je ne leur laisse pas le temps de comprendre ce qui leur arrive, et en l'espace de quelque secondes ils ont tous passé de vie à trépas, sans honneur, comme les misérables traitres qu'ils sont. Le sol de la chapelle, une terre sablonneuse, est à présent gorgé de sang. Fouillant leurs affaires je découvre rapidement du pain et des tranches de lard que je dévore en contemplant silencieusement mon oeuvre païenne.

Derrière l'autel, dans la sacristie dorment les religieux, que j'égorge discrètement. Trois hommes vêtus de robes brunes, au crâne tonsuré, des moines venus du Sud qui ne feront plus aucun mal aux paysans à présent. Je saccage rapidement la pièce et y met le feu à l'aide d'une torche. Les murs de bois de la chapelle prennent rapidement, et bientôt c'est tout le bâtiment qui est en flammes. C'est le cinquième lieu de culte chrétien que je détruis en un mois, mais ça n'apaise toujours pas ma soif de vengeance. Il me semble qu'il me faudra les massacrer tous.

Au moment où je sors de la chapelle je distingue une forme noire, comme allongée sur un des cadavres, en train de la dévorer. Mon coeur se met à battre la chamade car il me semble un instant reconnaitre Fenrir qui aurait échappé aux dieux et qui serait en train d'errer dans la lande, à la recherche d'une proie à dévorer, mais la créature se relève et je me rends compte de mon erreur: il s'agit d'un être humain. Un homme, presque aussi grand que moi, vêtu d'une tenue de cuir noire, au teint blafard et à la bouche couverte de sang. Il me sourit, et s'avance vers moi.

"Je t'ai observé Brann, tu es un guerrier courageux et puissant pour avoir exterminé mes gardes aussi facilement..."

Je n'en peux plus, comment cette horreur peut-elle connaitre mon nom? Ne sachant plus quoi faire, je me décide à donner à cet homme la seule réponse qu'on m'ait jamais appris à donner, et je me précipite vers lui en hurlant, prêt à mourir s'il le faut.

"Odiiiiiiiiiiiiiiiiin"!!!!!

Mais mes haches s'abattent sur du vide, l'homme a disparu. Ou alors il s'est déplacé trop vite pour moi. Je me retourne brusquement mais il n'y a personne. Je suis seul avec les cadavres des gardes, planté à côté de la chapelle en train de se consumer à grande vitesse...

Je m'élance rapidement dans la nuit noire, fuyant ces lieux maudits alors qu'une forte averse de neige commence, et mes pas s'enfoncent lourdement dans l'épais tapis blanc qui recouvre la lande...

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13. 09. 2008, 21:47

IIème Partie: La Colère D'Odin

Au coeur du pays Saami vers l'an 900


La nuit est tombée depuis trois semaines déjà. Après quelques heures de chasse je rentre à la misérable cahute que j'ai réussi à dresser dans cette forêt inhospitalière. Il fait si froid que j'ai du mal à découper ce renne, alors que la faim me tenaille quelle pitié! Je suis à deux doigts de le découper avec les dents tellement j'ai la dalle. Deux mois que je bouffe que des rennes et des baies, et pas un chat dans ce putain de pays, je suis trop au Nord. J'ai pensé redescendre un peu vers les nomades mais à quoi bon? Je dois avoir quarante ans à présent, je ne sers plus à grand chose.

Autour de moi, lande et forêts gelées. Des sapins immense, centenaires, et un sol de glace. Il fait trop froid pour neiger ici, je suis au bout du monde. Et je suis seul. Je cherchais Odin mais il n'est nulle part, j'ai cherché la Mort mais elle n'a pas voulu de moi. Hel m'attend quelque part, je le sais, mais où? Depuis combien de putain d'années j'erre dans ce trou misérable? Je finirais bien un jour par trouver une des racines d'Yggdrasil, ou croiser Fenrir au détour d'un sentier, mais jusque là, rien. Rien que le silence et la solitude.

Depuis deux ou trois jours il se passe un truc bizarre: je ne suis plus seul. Un matin (je dis matin mais il faisait toujours nuit), en me levant, j'ai constaté des traces de crocs dans un des cadavres de renne de la veille. Le sol est trop dur pour qu'il puisse s'y imprimer des traces de pas, mais vues les marques c'était clairement un loup. Ca semble être un délire car aucun loup ne se promène seul dans ces contrées, il n'y a aucune meute par ici d'ailleurs, mais les marques de crocs ne mentaient pas.
Et puis hier je l'ai vu. Enfin aperçu plutôt, se faufiler entre les sapins en me regardant de ses yeux jaunes, un grand loup gris, décharné, squelettique. Puis il a fui, aussi discrètement qu'une ombre, et je ne l'ai plus revu jusqu'à maintenant, où il se tient face à moi. Mais il n'est plus seul.

Un homme marche à ses côtés, et cet homme je l'ai déjà vu.

"Bonsoir Brann, ça fait longtemps n'est-ce pas?"

La dernière fois que je l'avais vu ses canines étaient ensanglantées, à présent elles brillent à la lueur de la lune. C'est l'homme de Gjesvaer, dont j'ai décimé les gardes il y a une éternité, et voilà qu'il se dirige vers moi comme si de rien n'était, comme si nous étions de vieux amis. Il a toujours ce sourire narquois, comme s'il s'attendait à ce que j'ai peur de lui. Eh ben tu te gourres mon pote, tu ne me fais pas peur, envoie-moi rejoindre Odin si c'est pour ça que tu es là, je ne demande que ça que ma vie s'achève enfin.

"Oh ce n'est pas demain que tu verra Odin mon ami, mais tu as raison sur un point, ta vie s'achève cette nuit."

Putain ce démon lit dans mes pensées? Ca c'est fort! Je suis sur le point de lui demander de m'apprendre à le faire mais après réflexion je me rend compte que ça ne servirait à rien, quelles pensées aurais-je à lire puisqu'il n'y a personnes à des centaines de bornes à la ronde? L'homme se lève brusquement:

"Je suis un malotru je n'ai même pas fait les présentations: Brann, voici Brann! Etrange coïncidence n'est-ce pas?" dit-il en s'approchant du grand loup resté à l'écart. "Je l'ai recueilli il n'était qu'un louveteau égaré, comme toi Brann, comme toi..." Sa main fine et pâle caresse le pelage du loup qui émet un grognement sourd et tend une langue râpeuse vers son maître. Celui se tourne vers moi, et commence à avancer, lentement.

"Ton ancienne vie est terminée, Brann, commence-t-il d'une voix profonde, métamorphosée. Tu ne parcourra plus les contrées glacées à la recherche d'une réponse car tu viens de la trouver, je suis ta réponse et tu sera ma question."

Sa dernière phrase énigmatique me laisse une impression étrange mais je n'ai pas vraiment le temps d'y réfléchir car il est sur moi. Je ne sais pas comment il a fait cette distance en un instant mais à vrai dire ce n'est pas le moment d'y penser, je suis en danger de mort et mes réflexes engourdis se réveillent enfin. Mes armes sont trop loin mais ils me reste mes poings. J'essaie de frapper l'homme dont je ne connais pas le nom mais il est insaisissable, évanescent, je ne peux frapper que le vide alors que je sens ses mains m'agripper. Sa bouche se pose sur mon cou et je ressent une douleur immense et profonde et tout mon corps est saisi d'une sorte de transe effrénée tandis que sa bouche est encore collée à moi.

C'est la fin. Ma conscience s'effondre doucement et dans mes derniers instants je repense à tout le mal que j'ai fait, à tous ceux morts par ma faute, Bjorn, Thorsten, mes parents, mes guerriers, mon peuple, et Helga, ma douce Helga, il me tarde de te rejoindre...

La dernière chose que j'entends est le rire dément du monstre qui vient de me vider de mon sang, et dans un tourbillon de ténèbres je disparais à jamais.

Ce message a été modifié 1 fois, dernière modification par "Eleonora" (13.09.2008, 21:59)


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14. 09. 2008, 16:34

Dans le Néant Vers l'an 900



J'entends un rire. Un rire d'enfant. C'est sans doute Thorsten venu m'accueillir au pays des morts. Ça fait plaisir il n'a pas l'air de m'en vouloir. J'ouvre les yeux mais je ne suis pas au pays des morts. Ou alors le pays des morts ressemble étrangement à la chambre royale de mes parents à Namdalen. Allongée dans le grand lit ce n'est pas Hel mais ma mère, jeune et belle comme si elle n'avait jamais les vécu les horreurs que je lui ai infligées. Elle a l'air très fatiguée. A côté d'elle mon père, encore fort et puissant, le visage mangé par une belle barbe blonde. Tous les deux ont le sourire aux lèvres, le visage tourné vers un nourrisson que ma mère tient dans ses bras.

C'est moi.

Je ne sais pas comment je le sais, mais il s'agit bien de moi, niché au creux des bras de ma mère, un chiard insupportable mais qui provoque la grande joie de mes parents. La scène se trouble et je suis transporté plus tard (à ce qu'il me semble), dans la même pièce mais je (le bébé) suis seul, allongé dans mon berceau. Soudain, comme venant de nulle part, un loup apparait dans la pièce. Mon sang ne fait qu'un tour car je reconnais immédiatement Brann, le loup de l'inconnu qui vient de m'assassiner. J'essaie de crier, de me transporter dans mon corps de bébé, mais rien n'y fait, je reste impuissant et je ne peux que regarder le loup s'approcher du berceau. Derrière le loup une ombre s'avance, c'est lui, c'est l'homme qui m'a tué, il est à deux pas un pas il est penché sur le berceau et il regarde dedans, il me regarde dans les yeux, son grand sourire carnassier découvrant ses longues canines. Il a exactement la même apparence qu'aujourd'hui, quarante ans après, le temps semble n'avoir aucune prise sur lui.

Et brusquement il disparait, aussi vite qu'il était apparu.

Je me retrouve dans le noir, incapable de bouger, muet et aveugle, mais pas sourd, malheureusement, car j'entends sa voix dans mon esprit.

"Ta nouvelle vie va commencer Brann." Sa voix est grave et sérieuse, elle n'a plus cet aspect sardonique qui m'avait marqué. Est-ce parce que je ne peux pas voir son sourire? Non, il me semble qu'il n'est pas du tout en train de sourire. Mais pourquoi ne suis-je pas mort? Imperturbable la voix continue son laïus.

"Je me nomme Ihsahn, et je suis né bien avant l'avènement du faux dieu. J'ai toujours eu la capacité de me fondre dans le décor, Romain parmi les Romains, Gaulois parmi les Gaulois, Saami parmi les Saamis. Je suis un vampire. Cela signifie qu'Odin m'a béni et donné la vie éternelle, en échange de quoi je dois le servir en exterminant ses ennemis les uns après les autres. Ma seule faiblesse est de ne pouvoir me déplacer en plein jour, mais ça tu t'en rendra vite compte par toi-même. Car je vais te faire don de ma force, don de ma vie et de mon nom, mais pour cela tu devra me tuer. Ce la ne devrait pas être difficile après ce que je vais t'apprendre. Brann, ta haine, la mort de tes proches, tout cela est de ma faute. C'est moi qui ai manipulé ton père pour qu'il soit faible, c'est moi qui ai manipulé Harald pour qu'il massacre ta ville, d'ailleurs il ne s'en est jamais remis. Tu verra que les humains sont faciles à contrôler. Tu pourra accomplir tes rêves de vengeance tout en respectant les préceptes d'Odin et en accomplissant son oeuvre. Quand je serais aux côtés de Hel je pourrais observer ta progression. Tes débuts seront difficiles mais n'ai crainte, notre race est la création suprême des dieux et tu verra que nous sommes taillés pour résister à tout. Et Brann sera là pour t'aider. Mais lorsque tu sera assez puissant pour voler de tes propres ailes tu devra le laisser partir. A présent je vais te réveiller, prépare-toi le choc sera rude..."

Je sens un liquide chaud au goût âcre couler dans ma bouche. Je reviens à peine à la conscience et je réalise qu'un faim dévorante m'agrippe l'estomac. Je tends les mains devant moi et saisis un membre, un bras apparemment. Une forte odeur de sang m'entoure et la tentation est tellement forte que je ne résiste pas et plante mes crocs dans le poignet qui s'offre à moi. Je bois, je bois et ma soif inextinguible s'épanche à peine, je bois sans m'arrêter, sans entendre le gémissement juste à côté de moi, je bois après la soif, et je bois l'âme de l'homme qui m'a tué. Je lève les yeux vers les siens, ils sont à présent d'un gris terne, comme sur le point de s'éteindre. La voix résonne une dernière fois dans ma tête.

"Accomplis l'oeuvre d'Odin, Ihsahn, sois-en digne. Nous nous reverrons à Ragnarok..."

L'homme me lance un regard intense et ses yeux se ferment pour la dernière fois. Dans un bruissement insupportable son corps se décompose en cendres qui disparaissent au loin, emportées par une bourrasque d'un vent qui n'avait pas soufflé sur cette lande depuis des semaines. Je me redresse et jette un regard au loup qui s'est aplati à mes pieds. Il relève la tête et pousse un long hurlement, double hommage à son ancien maître et au nouveau. Je lâche à mon tour un cri guttural, puissant et animal, soulagé d'être vivant ou presque, impatient de connaitre mes nouveaux pouvoirs et ma nouvelle vie...

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05. 11. 2008, 16:02

Je suis un loup.

Sous les immenses pins enfoncés profondément dans la neige je sème les traces de mes pas. Mes pieds nus font à peine craqueler la lourde couche poudreuse qui recouvre la terre de mes Ancêtres.

Je vole.

Brann s'arrête brutalement, mettant terme à notre course folle parmi les arbres. Il a senti quelque chose. Je m'immobilise à mon tour, dressant les oreilles, pointant mes sens dans toutes les directions. Un bruit accroche mon attention, non loin de nous. Un lynx. Je peux sentir son odeur, je peux presque le voir, presque le toucher.

D'un regard nous nous sommes compris. Je fonce droit sur le félin qui ne sait même pas encore que j'existe. Au bout de quelque secondes il s'élance entre les troncs comme saisi d'une terreur panique. Sa course en zig-zag rendrait la tâche de n'importe quel prédateur particulièrement ardue, mais je ne suis pas n'importe quel prédateur. Lentement, pas après pas, parmi les hautes fougères et les congères grandes comme deux hommes je me rapproche de lui, inexorablement. Le rythme s'accélère, il peut presque sentir mon souffle se poser sur lui mais malgré tous ses efforts il ne parvient pas à me distancer. Il perd de plus en plus de terrain.

J'aperçois une petite colline sur notre gauche. Le lynx l'a vue aussi et par un crochet d'une rapidité foudroyante il se rue dans sa direction. Mes pieds dérapent sur la neige froide et je ralenti légèrement, voyant cela il accélère de plus belle, croyant pouvoir enfin m'échapper.

Nous échapper.

Car alors qu'il vient d'atteindre le sommet de la colline et fait un bond gigantesque pour amorcer sa descente Brann est là, et lui saute à la gorge. Les deux animaux roulent dans la poudre immaculée, le lynx sait que face à un loup il n'a quasiment aucun espoir mais que peut-il y faire, son instinct lui dicte de se battre alors il obéit.

Le combat est de courte durée. Les crocs de Brann crèvent la panse de sa victime et il commence à se repaître de ses organes. C'est à moi de lui donner le coup de grâce, et je m'approche lentement du lynx qui me fixe, terrifié et hurlant de douleur sous les coups de mâchoire de mon loup. Je caresse sa tête, évitant ses coups de crocs désordonnés et d'un brusque mouvement de poignet je lui brise la nuque. Retroussant mes babines je plonge délicatement mes dents dans sa carotide et boit son sang. C'est un sang lourd, pur, chargé des relents sauvages d'une vie passée à parcourir les bois.

Je relève la tête et pousse un long soupir de délectation, observant avec plaisir mon Brann se nourrir des viscère du félin à présent soulagé du poids de sa vie. Je prononce quelque mots pour confier son âme à Jörd, et, une fois le festin de Brann achevé, nous reprenons notre route dans la nuit éternelle.

Ce message a été modifié 1 fois, dernière modification par "Ihsahn" (05.11.2008, 16:04)


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