Encore une fois, la ville filait sous ses yeux, mais le temps n'était plus aux réjouissances. Malgré l'indépendance, malgré la neutralité, Iridia n'en avait pas encore finit avec ce merdier. Et c'était plus des rythmiques cool qui tournaient en boucle, on passait à un métal plus martial. Oscillant entre
Dimmu Borgir et
Amon Amarth , pour le moment on restait sur
Progenies of the great Apocalypse. Putainement emblématique cette musique, les gosses de l'Armageddon se prenant pour des dieux vengeurs et jouant avec les forces de la destruction dans un théâtre des maléfices. Après tout, qui aurait pu empêcher les nouveaux maîtres de laisser libre court à leurs instincts ? Une fois n'était pas coutume, Iridia avait envie de sang, frais de préférence. Elle a envie de trouver un adversaire à sa mesure, de le combattre, de l'allumer et de le vider comme une outre. Se repaître de son fluide vital, se gorger de son hémoglobine, puis redisparaître en un éclair. A sa manière, insidieuse, cachée dans l'ombre, porter le coup fatal sans lui laisser un répit. Voilà la seule chose qu'elle envisageait à présent. Et fort heureusement on lui avais donné un bon prétexte pour ça. Les clans, elle s'en fichait, elle avait affiché clairement sa tendance, ses alliés, le reste elle shoutait dedans sans vergogne. Ihsahn -par l'intermédiaire de Sven- l'avait appelé et lui avais donné ses cibles. Des gars de la Rébellion mord-moi-le-nœud. Paraît-il qu'ils souhaitaient taxer une zone d'un des Comédiens, les laisser faire c'était presque contre-productif. Le quartier s'annonçait à quelques encablures. Elle chargea la bande de munition dans le logement du minigun, connecta le pointeur sur son com-link, à son œil, et étudia le secteur. Pas magnifique, on avait vu mieux à Ultima-La-Grande-Pétasse. Du mouvement sur la droite. Des flics dans un immeuble délabré. Super.
Le pick-up freina en un éclair et les gardes du corps sortirent en vitesse. Se déployant à l'instar des troupes spéciales de l'ancien temps, gilets pare-balle et fusils semi-auto en main. Combinaison noire comme la nuit, grenades fumigènes à la ceinture, à couvert. Le français avait fait du bon boulot pour les former. Ils attendaient, et la vampire allait leur déblayer le passage. Fenêtre de tir parfaite, les snipers en face n'auraient pas le temps d'ajuster leurs tirs. Le calibre 14mm déchira en un instant la surface friable du béton pourrit par les années. Un vrai gruyère. Les plaques s'effondrèrent, laissant à découvert les humains qui se firent descendre en flamme, tranchés, déchiquetés, par une arme faite à la base pour perforer du blindage de navire d'assaut. Ça, c'était fait . Continuant leur avancée, ses troupes balayèrent chacun des bâtiments, alors qu'elle faisait de même derrière eux, un dernier gars au volant du véhicule. L'évolution lente était trompeuse. BIM ! Un gars en moins chez elle, restait du peuple dans les environs. Et ils canardaient sec, les enfoirés. Elle sauta de sa plate-forme, dégaina ses foreuses personnelles, et fila entre les débris. Même pas la peine qu'ils tentent quoi que ce soit ces enflures, trop rapide. Arrivée à dix pas d'eux, une grande étendue découverte, elle lâcha un fumigène entre eux et traversa. Direct dans la tranchée. Ravage, façon Barjavel. Le Mp5k à courte distance ne pardonne jamais. Mais quelque chose clochait.
"Tal ! Sale petit connard de merde, t'es planqué où encore ?!"
Les lois de la guerre. Fallait taper sur des anciens collègues de temps à autres.
Bah il était pas loin ! Elle jura en voyant son véhicule d'assaut exploser sous la pression d'un kilo de Semtex planqué juste en dessous. Et avec son chauffeur, qui de toute façon s'était prit une balle. Mais pire que tout, son beau gros flingue qui lui avait coûté si cher. Ses gars s'éparpillèrent au loin, professionnels, laissant les vampires se mettre sur la gueule en allant chercher les derniers condés qui auraient eut l'audace d'interrompre la bagarre. Direct, l'absorbeuse vida ses chargeurs droit sur son adversaire. Il esquivait pas mal et brillait comme un lampadaire, maintenant qu'il avait foutu ses bagouzes. Solaire, putain de nanites, mana à la con, ça allait pas être triste. Pourtant certaine passait, si ça saignait ça pouvais mourir. Plaquée derrière une barrière de tôle, rechargeant ses armes, elle avait zappait que ce faible barrage était perméable au .9mm Parabellum. Et son dos fut parcouru d'une putain de douleur quand les projectiles le déchirèrent, la laissant pantelante. Vu qu'elle se voyait mal se farcir la moitié de la ville à pied, qui plus est en rampant quasiment, elle décida d'en finir.
Le hurlement de ses automatiques clôt ce funeste et désespérant affrontement. Rejetant son adversaire contre un mur où il laissa une trace écarlate. Elle avança tant bien que mal vers lui et pencha sa bouche vers sa gorge encore chaud. L'asséchant comme un assoiffé boirait à une fontaine de jouvence. Ses blessures se refermèrent. Puis elle s'appropria un ancien véhicule tout-terrain, une jeep qui avait connu des jours meilleurs, dans un garage un peu plus loin. Sur le chemin du retour, elle composa un numéro sur son dispositif.
"Yo Sven. Passe moi ton chef."
Un instant.
"Ihs, ouais c'est moi. J'ai géré Talou, mais ça m'a coûté du matos. Va falloir que je me paye des trucs plus lourd si jveux continuer à être au top. Nan, laisse tomber, jmen fout dla tune. Laisse-moi juste du temps. Au pire quand t'as finit, tu passes chez moi, on se fait un topo et on boit un coup."