Quel est donc cette chaleur que je ressens là?
Quel est-il cet émoi?
Moi qui ne suis pourtant qu'un corps froid...
Voilà que quelque chose en moi flamboie.
Tu étais censée n'être qu'une proie,
Et pourtant, je ne saurais te vider,
De ce fluide qui coule en toi.
A peine oserais-je t'effleurer.
Mortelle que tu es,
Je vois ta gêne à mon contact glacé,
Pourtant, à ta manière de me fixer de tes pupilles de jais,
Je sens le désir, en nous, monter.
A présent que s'étend la nuit,
Je ne suis plus las,
A te voir étendue sur ce lit,
Je suis ivre de toi.
Tu me dis que tu m'attendais depuis toujours,
Mais je ne suis que mort,
Désolation sombre, nappée de velours,
De mes approches ne résultent que de tristes sorts.
Ô coeur de glace s'il en est!
Comment pourrais-je t'entendre?
Alors que ma destinée n'est scellée,
Que dans la soif et les cendres.
Désepéré devant l'éternité sombre,
Je n'étais qu'une âme égarée.
Et gouter ta peau, si chaude, si salée,
Me pousse dans des abysses autrement plus profonds.
Je te veux mienne,
Mais ne puis te garantir,
Que tu en sortiras indemne.
De ma noirceur, je ne voudrais te ternir.
Mais les reflets de la lumière tamisée,
Sur ta douce peau satinée,
Réveillent en moi le souvenir d'envies,
Que je croyais depuis longtemps évanouies.
Comment pourrais-je t'étreindre?
Toi, immaculée et exaltante.
Comment pourrais-je te damner, te plonger dans l'éternelle attente?
Et pousser le soleil de ta vie à s'éteindre.
Tu me dis qu'une vie, même pure, sans moi,
Serait le pire des effrois
Malgré le froid, tu te loves contre moi,
Enivrante est l'étreinte de tes bras.
Quelle est donc cette chaleur que je ressens là?