La nuit est sombre et glauque. Aucun son ne transperce l'atmosphère qui enveloppe la ville baignée dans un brouillard glacial. C'est à peine si elle peut entendre les trottinements des rats qui détalent bien avant l'arrivée du prédateur. Pourtant les misérables créatures n'ont rien à craindre, elle n'est pas là pour eux ce soir. Mais ils fuient quand même, c'est leur nature. "Trouillards", lâche-t-elle, crevant le silence de sa voix glacée. Mais la brume inquiétante étouffe le grincement de son murmure. Et tout est calme à nouveau. Trop calme, même, pense-t-elle, alors qu'un rictus d'impatience déforme son visage fermé.
Mais qu'est-ce qu'il a foutu, ce con??? Il lui a pourtant bien dit de se diriger vers l'usine abandonnée aux confins des faubourgs de son territoire, mais en fait de conspiration en ces lieux maudits seul le vide semble régner. Et un noir absolu. Au moins elle n'a pas à s'inquiéter de ces misérables rebuts de lupins dont elle a du réduire en bouillie quelques représentants pas plus tard que la semaine dernière. Des bêtes immondes, infâmes monstres, faibles et insignifiants qui osent remettre en doute sa supériorité. Des louveteaux! Mais là le vieux clochard lui a clairement indiqué la vieille bâtisse dégeulasse où personne ne va. "Des bruits étranges, je vous jure maîtresse, et une odeur..." La mort ne l'a pas autorisé à en dire plus. Etrange...
Même une souris ne saurait sentir son pas. Rapidement, l'immortelle progresse vers le bâtiment silencieux en prenant garde aux décombres de ferraille qui jonchent le sol abîmé.
Tout est calme.
Elle est sur le point de rebrousser chemin, maudissant entre ses dents la mémoire du poivrot qui lui a filé ces renseignements foireux, quand soudain son corps s'arrête brusquement avant même qu"elle ait eu le temps de se rendre compte qu'elle n'est plus seule. Une respiration rauque se rapproche doucement, puis deux, trois, et brutalement elles sont là.
Des goules. Trois ignobles goules, souvenirs putréfiés d'une lointaine humanité qui sont en train de se ruer sur elle. Elle a à peine le temps de sortir son arme que déjà la plus proche , d'un bond hurlant, tente de lui arracher la gorge d'un coup de griffes.
Putain! Et moi qui suis venu seule comme une conne, se morigène-t-elle silencieusement alors que son arme se met à déverser son souffle de mort sur les trois créatures immondes. Le combat semble perdu d'avance, mais elle se bat quand même, avec l'énergie du désespoir, et parviens à arracher la moitié d'un bras à l'une de ces ennemies. Comprenant qu'ils n'ont pas affaire à une simple maraudeuse, les trois monstres reculent et commencent à l'encercler doucement, sachant qu'un peu de patience leur assurera une victoire facile.
"Vous n'avez rien à foutre ici, vous êtes sur mon territoire" hurle-t-elle rageusement, et à la fin de son cri la tête d'une des goules se déchire en deux pendant que le reste de son corps s'affaisse dans une mare de sang impur. Durant un instant de flottement la vampire reprend espoir, mais en voyant les deux goules restantes l'attaquer simultanément elle comprend que c'en est fini.
Allongée sur le sol glacé, alors que les deux créatures sont en train de l'éviscérer, une dernière pensée lui traverse l'esprit. Une goule ne se promène jamais bien loin de son maître...
Puis c'est le néant.
Ce message a été modifié 1 fois, dernière modification par "Shadowleaf" (10.03.2008, 17:36)
