Le cadavre baignait dans une flaque de sang. Sophian analysa rapidement la plaie d’un coup d’œil. Une entaille nette et profonde au niveau de la carotide. Une des rares parties du corps non protégé par la tenue de camouflage en kevlar. Le sang s’écoulait encore, elle ne devait pas être loin. Et si le corps étendu sur le goudron était bien un appât, elle était même tout près. Il scruta rapidement les environs de la rue. La foule commença à s’amasser de plus en plus autour de lui, curieuse de voir de si près le « propriétaire » de leur quartier habituellement si discret, tout en gardant une distance de sécurité imposée par la peur de l’étrange et de l’inconnu. Les derniers travailleurs n’étaient pas rentrés, les premiers fêtards tout juste sortit. L’animation habituelle s’était cristallisée dans un silence pesant et tout les visages se tournaient vers lui. Un détail arrêta le regard de Sophian, une petite blonde au milieu d’un groupe de collégienne, encore en tenue officielle, avait le visage glacé de peur et semblait contenir sa terreur derrière un faible sourire crispée. Il fonça sur elle en criant :
- « Où est-elle ?! »
Au moment ou il l’a pris par le col pour l’obliger à répondre, une lame sortit de la poitrine de la fille, à l’autre bout de la lame se tenait la main de sa voisine, une petite asiatique, elle aussi en tenu de collégienne, qui fixa froidement Sophian. De son autre main elle sortit aussitôt une deuxième lame qui fonça droit sur sa gorge. Il esquissa un mouvement arrière de la tête et tenta de lui attraper le poing. Le petit bras fila en arrière à la dernière seconde et lui entailla l’intérieur des doigts avec la lame. Sans hésiter il sortit son Beretta et lui déchargea trois coups dans la tête. Le corps de la chinoise disparu comme soufflé par la détonation. La foule se mis à hurler, se bousculant et s’éparpillant dans tout les sens. Trois corps gisaient par terre, mais aucun n’était le bon. Il braqua son arme autour de lui, cherchant sa cible et, d’un mouvement vif, sortit son sabre de derrière son dos, près à répondre à une contre attaque, mais, dans la cohue, il ne vit que des humains pressés de s’éloigner le plus rapidement possible de lui. Il rangea son arme à feu et sa lame calmement, fit vingt mètres en descendant la rue, et s’arrêta au croisement avec une minuscule ruelle noyée dans l’obscurité. Une voix rocailleuse sortit de l’ombre.
- « Vous l’avez eu ? »
- « Non, elle s’est jeté sur le dos et à dut courir à quatre pattes dans la foule. Partez en chasse, elle ne doit pas être loin, poursuivait là jusque dans sa tanière. Et postez Samuel en embuscade devant le Sanctuaire. Nous allons voir si elle tombe dans le piège. J’y rentre de ce pas en prenant les grosses artères pour que l’on me vois. Mettez deux de vos meilleurs hommes pour me couvrir. De votre coté ne soyez pas trop discret, il faut que l’on devine que vous êtes de sortit et qu’on attribut notre contre attaque à la colère.»
- « Nous serons dans votre ombre. Serviteur.»
Sophian griffonna quelques notes sur un bout de papier avant de les remettre à son interlocuteur. Quelques sons de frottements et plusieurs mouvements rapides se firent entendre dans la pénombre avant que le silence ne retombe. Sophian rangea sa mèche brune et se mis en route pour le Sanctuaire. Il prit comme prévu une route fréquentée, sans pour autant faire de détour ni changer sa vitesse habituelle pour ne pas éveiller les soupçons. Sur la route il réfléchit aux derniers évènements. Il n’avait pas de grandes convictions quant à un retour dans la soirée de son adversaire. Non qu’elle se doute du piège, mais il y avait peu de chance qu’elle tente une deuxième attaque dans la même nuit. Il avait cependant tiré une information importante de cette soirée. Il avait vu le visage de celle qui, déjà la nuit dernière et la nuit d’avant, avait tenté une embuscade à l’arbalète et au fusil, et mis cinq de ses hommes à terre avant de s’enfuir par un vide ordure d’immeuble ou accroché sous un bus. Elle ne faisait pas partis de ses voisins directs. Elle venait donc de plus loin, et avait ses propres motivation autre que simplement le sang. La vengeance ? Une alliance ennemie ? Ou peut être même faisait elle partie d’un engrenage encore plus grand.
Sophian arriva au Sanctuaire. Il s’installa dans la grande pièce principale sur son fauteuil en chêne, posa son épée à coté de lui et son arme à feu sur la table, se servit un verre de sang frais et, les coudes appuyés sur les accoudoirs, joignis ses mains en signe de patience.
Ce message a été modifié 1 fois, dernière modification par "Baron Cimetière" (29.10.2010, 13:50)