S'il fallait bien reconnaître un truc à cette bonne vieille Ultima, c'était sa capacité à faire valser tout et tout le monde aussi haut que possible histoire de redistribuer les cartes...
Il était bien loin le temps où Turmac pouvait se gargariser d'être le patron incontesté de la "Bibliothèque du Savoir Universel d'Ultima Thule". Fini les femmes à poil, le bon esprit et les ardoises longues comme un jour sans pain dans tout les troquets de la cité ! Il avait juste suffit d'une nuit, d'un sacré paquet d'embrouilles et d'un malheureux concours de circonstances pour que le bâtiment qui abritait autrefois la Biblio ne soit plus qu'un tas de ruine et que tout les bouquins et autres sources de savoir ne soient transformer en stock de PQ gratos pour tout les analphabètes du coin (ce qui devait représenter au moins 90% de la population, vampire et humain confondus)...
Bien sûr, Turmac avait gueuler, brailler, pester et menacer, mais rien n'y avait fait, tout était fini et bien fini.
Et aujourd'hui, le Barde Sanglant était retourner à sa situation d'origine... Obligé de pousser la chansonnette dans les bars histoire de pouvoir payer ses consommations. Son cercueil était poser dans un tas de gravas qui ne payait pas de mine mais qui suffisait amplement. Au final, Turmac semblait s'être convaincu que l'on n'est jamais aussi bien entouré que par soi-même ; le reste, c'était de la poudre au yeux, de la merde, de la connivence et du calcul... Les vampires avaient pris le dessus sur l'espèce humaine, mais à part redistribuer les rôles ça n'avait rien changé, la pièce était restée la même.
Malgré tout, la non-vie de Turmac était beaucoup plus peinarde qu'auparavant... Il est vrai qu'à première vue le fait de mendier sa boisson et de n'avoir de contact qu'avec des rats et toute la vermine qui pullulait dans les bas fonds de la cité n'avait rien de vraiment reluisant. Mais le vieux briscard s'en contentait et était même plutôt heureux de sa situation.
-
And the first one now
Will later be last
For the times they are a-changin'...
Et voilà... Il venait de terminer sa représentation et avait droit à une bouteille de bourbon. Comme d'habitude il avait clôturer sur
The Times They are a-changin' de Bob Dylan.
Il était sobre depuis trop longtemps et il allait enfin pouvoir s'arracher de ce taudis avec sa bouteille sous le bras.
- T'aurais pas un truc de plus joyeux que ça ?! Tu nous gonfle à chanter cette daube tout les soirs !
- Et ta soeur ?! Je t'emmerde pauvre trou du cul !
- Méfies toi Turmac, t'as plus personne pour couvrir tes arrières maintenant !
- Mais viens me chercher des crosses gamin ! T'es combien dans ton falzar ?
- Je vais te faire la peau !
Bon... Il faut reconnaître que la brave Ultima n'avait pas pu enlever à Turmac son côté soupe au lait et aux jeunes vampires leur côté roquet. Un échange de coups de poing et deux ou trois insultes plus tard, le "jeune branleur de poney" (entre autre qualificatif) s'était retrouvé les quatre fers en l'air devant l'incrédulité générale.
Balayant l'asistance du regard, le vieux Barde s'était tourner vers le comptoir.
- Kad ! File moi ce qui me revient que je me tire de là !
- Attends un peu Turmac, tu m'as défoncer un client, une table et deux tabourets. Ta bouteille tu peu t'asseoir dessus !