Le combat qui opposa Cryzer et Anya fut rapide et quelque peu décevant. Je ne pouvais donc tranquillement observer le style de ses deux participants tout en restant à l'abri. De plus, la victoire éclatante du Grand Organisateur de cette compétition saugrenue semblait avoir jeté un froid dans la petite assemblée de vampires. Des gradins désormais remplis par un large éventail d'humains et de quelques vampires, un souffle d'insatisfaction parvint jusqu'à nous.
C'était dans cette atmosphère que Cryzer enchaîna avec la suite du programme. Souhaitant probablement avancer dans le Championnat, il annonça sans attendre le prochain combat. Celui-ci se tourna alors vers Turmac qui, dans un élan fluide, se porta candidat aux prochaines hostilités. Devant son assurance et sa fougue verbale, les autres vampires demeuraient silencieux et pacifs, préferrant laisser le loisir d'affronter le Barde Sanglant à un autre qu'eux.
Plusieurs minutes passèrent ainsi, Turmac et Cryzer meublant le silence par quelques échanges verbaux sporadiques et goutus en termes évocateurs et moi observant mes voisins. Au plus profond de moi-même, Stance me confia ses pensées :
- Qu'attends-tu? Qu'il neige?
- Non, je souhaite simplement de voir si il y a un vampire impétueux parmi nous. Pourtant, il ne semble pas en avoir d'assez incensé pour se jeter, tête baissée, dans un combat sérieux.
- Dans ce cas profite de l'occasion pour rattraper ton entrée en scène calamiteuse mon cher Grévin. Un vampire de ton statut ne devrait pas rester sur un échec.
- Soit, voyons si je saurais me défendre contre ses attaques.
Mais ce petit dialogue intéreur ne dura qu'une fraction de seconde. Je me levais, doucement, faisant grincer mon armure et me présentais de l'autre côté de Cryzer, alors entre moi et Turmac. Le Barde Sanglant me regarda, scrutant au travers de mon heaume, sans doute dans l'espoir d'y trouver une once de sociabilité.Le Grand Organisateur poussa un soupir de soulagement, me remercia d'un hochement de tête et hurlant assez fort pour que les morts se réveillent :
- Le prochain combat opposera les vampires Turmac, adepte des armes à distance et des arts martiaux, contre Firunbel, combattant au corps à corps comme un chevalier médiéval. Que les participants se mettent en position et que le combat commence.
Sans un mot, je me plaçais et attendais tout comme le fit Turmac. Pour ce combat, je revêtais mon armure d'obsidienne. Sombre, elle possédait l'apparence d'une antique cuirasse de chevalier. Pourtant, je l'avais récemment forgé dans un matériau inédit. C'était un alliance symbiotique entre des nanites et du titane. Les robots minuscules avaient modifiés la composition du métal pour le rendre plus résistant en assombrissant sa couleur par la même occasion. Les millions de créatures mécaniques ajustaient avec précision la forme de l'armure. Selon les besoins, ils pouvaient modifier, un peu seulement, la configuration de ma protection. En contrepartie, cette masse possédait une conscience propre, que je devais contrôler. C'était à cela que j'employais, le plus souvent du moins, les pouvoirs vampiriques que j'avais acquis au cours de mon existence.
Mon armure était consisté de plaques qui recouvraient mon corps. Les interstices étaient protégés par une masse plus fluide de ce mélange nanite-métal ressemblant à de la maille. Mon casque, lui aussi dans le même matériau, protégé les joues, la nuque, le coup et bien évidement le crâne. Les yeux étaient donc les seules choses visibles de mon anatomie.
Dans ma main gauche, j'empoignais mon pavois runique tandis que la droite portait Stance avec fermeté et détermination. Mon bouclier était rectangulaire, possédant des dimensions massives. Il était assez grand pour toucher le sol et arriver au niveau de mon épaule. Dessus, un cercle était entouré de symboles ésotériques. Au centre, la rune majeure concentrée l'énergie qui devait augmenter la résistance du pavois. Aussi, dans mon autre main, mon épée bâtarde pointait sa lame vers les cieux, comme un preux guerrier priant avant son ultime bataille. Longue, large et effilée, l'épée possédait des reflets bleu pâle irridiant d'une légère lueur de la même couleur. Egalement froide, elle renfermait une âme dont je ne connaissais pas réellement l'origine. Stance semblait avoir été un être vivant désormais enchassée dans l'acier de mon épée. Et bien que ce destin puisse être justement jugé horrible elle me confia le désir de demeurer ainsi.
Je me mettais en garde, présentant mon pavois et dissimulant partiellement mon arme. Je me trouvais devant Turmac, un vampire que je pensais connaître. Il était le directeur de la bibliothèque, et possédait un caractère bien trempé. Son équipement était bien moins impressionnant par sa taille ou son poids, mais il ne demeurait pas moins dangereux entre les mains du Barde Sanglant. Son shamisen pouvait projeter des carreaux d'autant plus mortels que son possesseur était un excellent tireur.
Pendant quelques secondes nous nous jaugions alors que Cryzer hurla de nouveau :
- Vampires, que le combat commence!