Nous nous dévisageâmes pendant quelques instants, puis il passe à l'attaque. Un coup rapide, mais puissant reçu à la poitrine me mit à terre, et seule une roulade m'évita de périr le crâne brisé. Je me relevais rapidement et évaluais mes chances. Minimes. Il était plus fort et robuste que moi, et il n'avait rien à m'envier niveau vitesse. L'intellect était le seul domaine où je le surpassait. Seule la ruse pourrait me sauver. Ou la chance. Ou les deux.
J'optai pour une approche défensive, et faisait de mon mieux, évitant certains coups, parant d'autres, mais subissant la majeure partie malgré tout. Au bout d'un long moment, je pus voir, malgré le sang qui me coulait dans les yeux, voir l'horizon blanchir lentement, le jour se rapprochait; il ne manquait plus que ça... Mes chances diminuaient encore. A moins que...
Tournant les talons, je me mis à courir. Je ne fuyais pas, non. Je ne pouvais pas fuir de toute façon. J'avais une idée en tête.
La vitesse de Tyr forçait l'admiration, même pour un vampire. Mais son poids le désavantageait quand il s'agissait d'escalader des parois, ce qui me permit de maintenir la distance qui nous séparait. Finalement, mon but m'apparut, sa silhouette se découpant dans les premiers rayons de l'aube.
J'ouvrit prestement la porte du manoir et me tint en embuscade, pour recevoir Tyr d'un magistral coup à la gorge, insuffisant toutefois pour le tuer, mais amplement suffisant pour le blesser -et attiser sa colère-. Je reculai à nouveau et commençait à gravir les escaliers, afin d'éviter l'affrontement direct. La réaction de Tyr ne se fit pas attendre : il se jeta violemment sur moi, mais j'esquivai, sa colère ayant diminuée sa précision, et lui assénai un nouveau coup dans le dos, le zébrant d'une belle couleur rouge. Puisque je ne pouvais pas le battre à la régulière, alors je l'aurai à l'usure. Ainsi, je l'attirait plus loin dans le manoir, esquivai son attaque et lui portai une nouvelle attaque, avant de réitérer la manoeuvre. Ce petit manège dura un moment, jusqu'à-ce qu'il n'y ai plus de pièce à franchir; il fallait en finir. Tyr était fou de rage, et détruisait tout dans une frénésie meurtrière. Ses attaques étaient devenues d'une violence inouïe, mais aussi d'une imprécision aberrante. J'en profitais pour passer dans son dos et levais mon arme au dessus de ma tête pour donner plus de puissance au coup, avant de lui transpercer la gorge. Il émit une sorte de gargouillis mélangé avec un grognement rauque, puis il s'affaissa dans un bruit sourd, répandant une marre de sang. Retirant mon arme de sa gorge, je lui donnait plusieurs autres coups, par précaution, avant d'essuyer et de ranger ma lame, comme à mon habitude. L'adrénaline retombée, je fus soudainement accablé par la fatigue. Péniblement, je poussai un meuble devant l'unique porte de la petite pièce où je me trouvais, avant de m'effondrer.
Combien de temps avais-je dormi? Je ne le sais pas. Tout mon corps me faisait mal, j'étais tâché de sang séché -le mien, en grande partie- et je devais avoir quelques côtes cassées, mais j'étais vivant et victorieux. Lentement, je poussai le meuble et me mit en route, satisfait. Il ne restait qu'à me trouver quelques proies pour me remettre d'aplomb...