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Evolution.
Chap. II
Bien des jours ont passé depuis cet incident. D’autres comme moi m’ont rejoint, nous formons désormais une milice organisée, les « Marines du Chaos », rapport aux guêtres et haillons que nombre d’entre nous portaient sur eux lorsqu’ils se sont « réveillés », et à l’équipement qu’ils n’eurent pas de mal ni à ramasser près d’eux, ni à faire fonctionner. Nous étions probablement des soldats de métier, à en juger par le savoir-faire dont chacun semblait faire montre. Peut-être de corps d’armée différents, voire d’armées différentes, peut-être nous étions nous opposés sur les champs de bataille ça et là avant le grand trou noir qui a affecté durablement notre mémoire, emportant avec lui les souvenirs de notre vie d’avant. Mais le grand vide dans notre tête nous avait délesté de nombreuses raisons rationnelles ou politiques de nous en mettre sur la tronche, du coup nous étions tenté par le fait de faire un bout de chemin ensemble sans repenser à nos différences d'avant. Amnésie, toi qui est si douce parfois...
Que dire de la malédiction qui affecte nos corps et nos esprits ? Que donner à un marine, un tueur professionnel dans toutes les conditions, même les plus extrêmes, un corps d’une puissance bestiale monstrueuse, doté de réflexes à la limite de la précognition, de capacités sensorielles digne du plus grand prédateur de cette terre ravagée et surtout d’une capacité de régénération quasi illimitée, est pour le moins un acte déraisonnable, insensé, de la nature, si toutefois celle-ci a survécu à ce qui a provoqué le trou noir dans notre esprit, et ravagé ainsi le paysage, et si elle est à l’origine de notre… changement… si j’ose dire. Mais en l’état de mes connaissance actuelle de la chose, impossible de faire mieux que de se livrer en conjecture plus folles les unes que les autres, mais jamais aussi folles que nous.
Cool tout ça me direz-vous ? Un corps de prédateur ultime, des armes pour faire joujou avec… Même le Terminator de Cameron [ndlr : film populaire d’avant le grand trou noir, dont je viens de me souvenir dans une migraine incroyable, enfin je crois] Le problème principal, c’est que nos nombreux ennemis sont aussi bien dotés. Ce qui donne immanquablement des affrontements dantesques.
Pour une raison indéterminée, certains « Hommes » n’ont pas été affectés par les modifications nerveuses, musculaires, osseuses et que sais-je d’autre qui ont fait de nous ce que nous sommes désormais. Les voilà bien mal armés pour affronter les conditions rigoureuses de ce monde décadent… Faibles, ils ne peuvent se résigner qu’à rechercher notre protection, rejoindre nos bastions. Nous les employons pour diverses tâches logistiques et pour les basses œuvres. Il font parfois aussi office de chair à cannon dans nos assauts. Bien que j’essaye vous pouvez me croire, je n’arrive pas à m’en affliger. Voilà autre chose qui a changé en nous : notre capacité à nous émouvoir du malheur de notre prochain. Mais attention, ne croyez pas que nous soyons privés de tout sentiment… La colère, ça nous connait… Et vaut mieux pas trainer dans les parages quand elle nous monte au nez…
Mes coéquipiers et coéquipières et moi, nous avons dû trouver un endroit pour nous établir, nous développer. Des places fortes en somme, au relief propice à la protection contre d’éventuelles tentatives de prise. Nous nous livrons en ces lieux à un commerce primitif, les voies de communication n’étant vous l’imaginez, pas sures. Et deux ou trois autres activités lucratives.
De temps en temps, un de nos frères d’arme fait défection, ou passe carrément à l’ennemi. Pourtant, l’herbe n’est pas plus grasse dans le pré d’en face, vous pouvez me croire.
Bien plus souvent, d’autres frères et sœurs d’arme nous rejoignent. Nous pouvons mettre en commun certains équipements que nous avons du mal à tous trouver aux abords de nos quartiers, ou à acheter à d’autres clans. Notre développement n’est ainsi que facilité. Dehors, plus on ballade, plus on croise de drôles de zozios. Y en a des blancs, des noirs… et d’autres modèles toutes options pour vous dessouder vite fait. Bon ok, dessouder pour nous, ça signifie se réveiller le lendemain matin, avec un mal de crâne abominable, mais aucune autre douleur physique. A l’occaz’, rappelez-moi de toucher un mot ou deux à notre concepteur qui a oublié de débrancher le fil de la migraine dans notre crane alors qu’il nous a débarrassé de toute autre forme de douleurs physiques…. Et de lui cogner dessus pour toute les fois où j’ai cru que ma tête allait exploser à cause de sa négligence…
A suivre…