A Bizeh, désert de l'Ouest d'Ultima Thule.
Des colosses armés de haches s'approchent lentement des portes d'un campement nomade. Sans un bruit, ils encerclent les ruines où leurs proies s'affairent à différentes tâches.
La nuit commence à tomber.
Les Hommes du clan des Ombres se mettent à hurler, cognant la lame de leurs épées contre leurs boucliers, accompagnés par le cri des loups sauvages venant du lointain...
« Des sauvages !! Mettez-vous à l'abri !! Arghh !! »
Les massacres commencèrent. Ces sempiternels massacres...
Les hommes du camp s'armèrent pour tenter de faire face aux barbares.
Les femmes et les enfants allèrent se réfugier dans les tentes où dans les bâtiments clos des ruines.
Plus loin, les sauvages se ruaient déjà sur les pauvres hères qui avaient le courage de se dresser en travers de leur chemin.
De leur dernier souffle de vie, les corps gisant au sol pouvaient apercevoir un nuage de poussière dans le lointain se diriger vers eux...
Alors que les hommes se faisaient massacrer, un des sauvages se mit à hurler :
« Emparez-vous des femmes et enfermez-les là-dedans !! »
Un nomade se jeta sur lui :
« Vous ne toucherez jamais à un seul cheveu de ma Lydia ! »
Le sauvage le saisit par la gorge et le cogna violemment contre un mur avant de le lâcher au sol :
« Gwahahah !! C'est la mienne, maintenant ! Crève !! »
Puis sa hache s'abattit sur le crâne du pauvre homme.
Plusieurs assaillants se mirent à mettre le feu un peu partout, alors que d'autres s'amusaient à démembrer un par un ceux qui avaient le malheur de se dresser sur leur passage.
D'autres encore, se dirigèrent vers un bâtiment du camp où étaient enfermés les jeunes femmes du campement.
Au loin, le nuage de poussière se fit plus grand, mais les sauvages n'y prêtèrent guère d'attention...
Les premiers cris de femmes résonnèrent, accompagnés des rires cruels des pillards.
Les nomades redoublaient de force pour repousser l'ennemi, mais ce n'était hélas pas suffisant...
Ils continuaient à se faire massacrer un par un, voire par paquet de trois ou quatre.
De vieilles femmes priaient sous les tentes dans l'espoir de voir arriver un quelconque sauveur.
Mais tout ce qu'elles virent venir furent les coups de leurs assassins...
Soudainement, deux-trois pillards aperçurent le fameux nuage de poussière venir vers eux.
Lorsque que ce dernier atteignit l'entrée des ruines, des bruits de sabots frappèrent le pavé, s'infiltrant dans le vacarme du chaos ambiant.
La fumée se dissipa et laissa apercevoir la silhouette d'un cavalier et de sa monture.
En un instant, deux des membres du clan des Ombres venaient de tomber sous les coups meurtriers de deux épées larges.
L'attention de tous les pillards se détourna soudainement vers l'étranger qui les chargeait.
Le destrier s'arrêta net, puis son cavalier se mit à pieds joints sur la selle, bondit, avant d'atterrir au sol face à une meute d'hommes enragés et assoiffés de sang.
Le jeune guerrier les toisa longuement, deux grandes épées en main.
Leurs lames étaient remarquables, tant par la longueur que par la largeur.
Le guerrier qui les portait était recouvert d'une cape brune comme celles que portaient les gens du désert.
Une capuche lui recouvrait les cheveux et les yeux.
A la façon dont il se tenait, on pouvait voir qu'il était parfaitement calme, et relativement sûr de lui.
Les brutes d'en face étaient de plus en plus intriguées par cet étranger qui leur tenait tête.
C'est alors qu'un cri de femme se fit entendre.
Le signe du début d'un nouveau massacre...
En un battement de cil, le jeune guerrier se jeta sur ses opposants, faisant virevolter ses lames tout autour de lui.
A chaque geste, un mort.
L'étranger exécutait une danse funeste au beau milieu des membres des Ombres, tout en se dirigeant vers le bâtiment où les femmes étaient retenues.
Puis le jeune guerrier défonça la porte du pied avant de pénétrer dans la salle des atrocités.
Les brutes avaient jeté les femmes à terre, mais voyant le massacre au dehors, ils les ramassèrent et se mirent alors à les utiliser comme boucliers humains :
« Allez, viens !! Qu'est-ce que tu attends ? », héla un barbare.
Le jeune homme fixait attentivement ses adversaires ainsi que les visages horrifiés, et parfois même tuméfiés des pauvres jeunes femmes.
Subrepticement, une brise entra dans la pièce par une fenêtre.
Une légère brise, mais suffisamment forte pour faire retomber en arrière la capuche du jeune épéiste.
Le vent semblait caresser les cheveux bruns clairs du jeune homme qui demeurait immobile.
Ses yeux d'un bleu pastel ne trahissaient aucune émotion...
Son visage semblait être figé et froid, et son regard était d'une dureté à faire pâlir les bêtes les plus féroces...
Mais soudain, sans crier gare, il plissa les yeux, s'élança sur le premier adversaire, et lui enfonça net l'une des épées dans la gorge.
Puis dans un mouvement d'une vitesse incroyable, il prit appui sur le mur en face pour fondre sur le deuxième qui eut juste le temps de voir une lame se rapprocher de son crâne avant de mourir.
Il en restait deux, hagards, avec chacun une femme pour se protéger.
« Approche, et on les égorge !! »
Le guerrier dévisageait celui qui venait de prononcer ces mots.
L'un des deux preneurs d'otages cracha au sol avant de s'adresser à celui qui leur faisait face :
« Tu n'appartiens pas à ces galeux de nomades, pourtant !! Que veux-tu, bordel ? Nous pouvons te donner ce que tu désires !! »
L'étranger se contenta de répondre d'un ton de voix extrêmement calme :
« La fin de votre piètre existence me suffira. »
Puis, dans un mouvement de bras relativement ample et rapide, il lança ses deux épées si soudainement que les deux preneurs d'otages n'eurent pas le temps de réagir.
Les deux lames filèrent droits telles des éperviers, frôlèrent de justesse les deux jeunes femmes, et tranchèrent avec précision les têtes de leurs bourreaux.
Au dehors, l'astre solaire était au zénith, et un colosse de plus de deux mètres de haut attendait avec impatience la sortie du guerrier.
Plusieurs cadavres de nomades gisaient à ses pieds.
Il s'amusait à faire tournoyer sa gigantesque hache autour de lui en attendant la venue du trouble-fête.
Mais le guerrier ne sortait pas.
« Eh, étranger ! Viens te battre ! Ne m'oblige pas à venir te chercher ! »
Mais personne ne répondit.
Il saisit un enfant qui agonisait à terre près de lui :
« Tu ne veux pas venir ? Très bien ! Alors dit adieu au morveux que je tiens dans mes mains !! »
Soudain, un éclair brun jaillit du toit du bâtiment. Le colosse l'observa, mais le soleil l'empêcha de distinguer nettement la position de son ennemi.
Le jeune guerrier retomba à une vitesse folle sur le colosse et le foudroya sur place, le transperçant de part et d'autres de ses larges lames.
Le jeune épéiste resta immobile en position accroupie durant un instant, puis se releva, observant froidement l'étendue des dégâts.
Il rengaina ses deux épées dans de larges fourreaux spéciaux situés derrière sa cape, puis appela son cheval.
Il s'apprêtait à grimper sur son destrier pour reprendre la route, lorsqu'une voix s'adressa à lui.
C'était un vieux nomade :
« Je ne sais pas qui tu es, étranger. Mais tu n'as pas hésité à risquer ta vie pour sauver la nôtre.; Pourquoi ? Rien ne t'y obligeait, pourtant... Toutefois, nous aimerions te remercier, même si nous n'avons plus grand-chose... ».
Le jeune guerrier grimpa en selle et répondit :
« Je vous ai sauvé, car je passais par là, tout simplement. Vous avez simplement de la chance d'être encore en vie. »
Puis sur ces paroles, il s'éloigna sous les regards impuissants des nomades. Un enfant courrait derrière lui, mais fut arrêté par une femme. Il cria :
« Quel est ton nom, étranger ? »
Le cavalier poursuivit sa route sans se retourner. Mais quelques instants plus tard, sa voix résonnait dans le lointain :
« Chrestomanci... »