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Dimanche 6 Mai 6008, 23h00 PM
Ultima Thule – Faculté des Sciences & Techniques
Laboratoire de Physique Quantique Appliquée – Sous Sol - Salle SS06

Un grand couloir au mur nus, bétonnés.
De grandes gaines de câbles et autres tuyaux en PVC couvraient le plafond.
La lumière transmise par les néons éparses qui vieillissaient mal éclairait l'endroit par flash irréguliers.
Le sol, recouvert d'un carrelage blanc, contrastait réellement avec la grisaille ambiante des murs, et participait à l'atmosphère étrange qui se dégageait ce soir là du Laboratoire.

Plusieurs portes à double battant parsemaient les deux cotés du couloir unique.
La plupart étaient fermées à clé ou cadenassées, et on pouvait y lire sur des panneaux cerclés de rouge
“Attention Stockage Produits Dangereux et Nocifs. Nécessite une autorisation du Bureau.”
Seule une de ces portes semblait ouverte, enfin plutôt entrouverte.
S'en échappait des bruits métalliques et des voix, déformée par l'acoustique du couloir...

La salle où débouchait cette porte, était tout ce qu'on aurait pu attendre d'une salle de cours de chimie.
Des paillasses étaient disposées de manière régulière, formant des rangs tournés en direction du grand tableau à feutres sur le mur au dessus de l'estrade
principale.
Tout aurait pu paraître tout a fait banal si ce n'est la présence à cette heure avancée d'une jeune femme, probablement étudiante en ces lieux et d'un vieil homme, à la barbe grise et florissante, et au crâne légèrement dégarni, qui semblaient tout deux affairés à manipuler diverses tubes à essais, feuilles volantes, et divers instruments de mesures clignotants dont la description complète ici serait fastidieuse et sans intérêt.

- Professeur il est tard !
Ca fait déjà 6 heures que nous passons sur cette expérience...
Je suis crevée, et je vois que vous êtes dans le même cas.
Nous ferions mieux d'arrêter pour aujourd'hui non ?

- Ecoutez Sophie, vous savez tout comme moi que si cette expérimentation n'est pas concluante aujourd'hui ou demain, les fonds pour mes recherches seront coupés, et distribués à des jeunes ahuris travaillant sur des sujets complètement sans intérêts tels que “L'importance des flux électroniques dans
les radiations de type Gamma"...
Autant jeter de l'argent par la fenêtre... répondit l'homme en maugréant dans sa barbe.

Ce faisant, il prit un des tubes à essai, le monta au niveau de ses yeux et l'agita du doigt.

- Par les moustaches de Descartes, pourquoi cela ne fonctionne t'il pas ?
Mes calculs sont pourtant exacts !
Maudits soient ces soi-disant alchimistes et leur foutu langage codé !
Voila 20 ans que je m'acharne à décrypter un par un leurs précieux symboles, et ils n'étaient pas même capables de les reproduire correctement d'un codex à un autre...

- Hum....
Professeur, au risque de vous énerver d'avantage, pouvez-vous me ré expliquer le but de notre présence ici ce soir ?

Après un léger soupir, peut être plus de soulagement de voir une légère pause que de reproche, le professeur dit :

- Ecoutez ma petite...

-le Professeur adorait prendre ce ton condescendant avec ses aides -

Il est certain que vous avez divers points forts pour être arrivé aussi jeune à ce niveau, mais en ce qui concerne la mémoire immédiate, vous avez encore certains progrès a faire...
Alors pour la énième fois, je vais vous ré expliquer.
Avant tout, rappelez moi quels sont le sujet de mes recherches depuis maintenant presque ¼ d'une vie humaine normale ?

- La recherche de manuscrits datant du début de l'ère chrétienne jusqu'à la moitié du Moyen Age...
dit la jeune femme d'un ton lasse.
Elle était rompue à ce genre de devinette avec le personnage.

- Et dans quel but ?

Levant les yeux vers le plafond et elle chuchota :
“Parce que vous êtes totalement timbré...”

- Parce que d'après vous, la Chimie et la Physique moderne n'ont pas pu se développer d'une manière aussi soudaine au cours du XIXe et XXe siècles, et qu'elles doivent toutes avoir des antécédents dans l'Histoire, mais sans n'être jamais été dévoilées au grand jour...

Un grand sourire aux lèvres, l'homme acquiesça :

- Parfaitement !
Parfaitement parfait !
Et qu'elles furent mes conclusions après ces années de recherche ?

Les yeux de l'homme brillaient d'une lueur trahissant son excitation.
Elle soupira cette fois de manière tout a fait audible, ce qui ne parvint pas à ôter le sourire du chercheur ...

- Vous ...
Vous en avez déduit que en plus d'avoir des bases, les “scientifiques” ...

-Elle détestait utiliser ce terme pour parler de ces charlatans de l'Histoire -

... de ces époques étaient beaucoup plus avancés que nous .

Ca je peux l'admettre, à la limite ...

- Sa voix devint plus dédaigneuse -

... mais de là à dire que c'était des “puissances supérieures” qui leur avaient enseigné ces connaissances ?!

Plus j'y réfléchis et plus je me dis que vous êtes fou à lier !
D'ailleurs qu' est-ce-que je fais ici ?!
Je savais que je n'aurais pas du accepter d'être votre assistante !
Je n'aurais jamais du me baser sur votre ancienne réputation...
Quelle erreur j'ai fait...
Sur ce, elle s'asseya sur un tabouret qui trainait derrière elle et commença à fixer le Professeur dans les yeux.
Une minute de silence pesant s'écoula entre les deux personnes, puis le vieil homme se retourna, et repris ses travaux en parlant :

- Voyez vous mademoiselle, dans ce cas présent, j'aurais pu me mettre dans une rage folle, être hors de moi, voyant que ma propre assistante doute des travaux qui sont le résultat de presque une vie de recherche.
J'aurais pu vous mettre à la porte sur le champs -dit il d'une voix calme.
Mais voyez vous, lorsqu'on vous traite pendant 20 longues années de vieux fou, et de tout autres sobriquets dont je passerai sous silence les noms maintenant, on en vient à oublier les simples d'esprits qui ne voient pas la Vérité devant eux...
Donc vos doutes, vous pouvez les garder pour vous, parce que j'ai du travail...
La jeune femme atterrée, qui s'attendait à tout sauf à une réaction pareille, ne sut que répondre, et finalement, resta assise sur son tabouret, observant cet homme qui, pour elle, avait passé une majorité de son existence à courir après des chimères...

Plusieurs minutes passèrent, et la nuit continua son cours...
L'homme continua ses manipulations, sous l'oeil endormi de son assistante.
Si endormi même qu'elle finie par sombrer dans un profond sommeil.
Un sommeil bercé par des rêves étranges, ou les évènements de ses dernières semaines se liaient aux inventions de son subconscient.
La première entrevue avec le Professeur, celui ayant la tête remplacée par celle d'un lion rugissant, les cours qu'elle avait du suivre pour rattraper son retard dû aux recherches apparaissaient comme des messes dominicales, les professeurs ressemblant plus à des prêtres qu'a des enseignants, mais surtout cette sensation d'être constamment épiée, étouffante...

Puis un cri déchira le calme des sous sol ! Réveillée en sursaut, la laborantine perdit l'équilibre et se
retrouva le visage contre le carrelage, le tabouret renversé à ses côtés.

-Aiiiiiiiiiiiiieuuuuuuh !

Perdue encore entre le monde des rêves et la réalité, elle mit quelques secondes à se rappeler où elle se trouvait.
Tournant la tête de toutes parts, elle se remémora rapidement sa soirée à travailler avec le Professeur, et sa “dispute” avec lui...

D'ailleurs où était il donc ?
La salle semblait vide, aucuns bruits, à part les appareils électroniques qui continuaient leurs analyses perpétuelles.
Aucune différence avec la salle qu'elle avait quittée en s'endormant à première vue.
Elle se leva difficilement et appela :
- Professeur Linovski ? Professeur Linovski ?!


“Ce cri était-il réel ou faisait t'il partie de mon rêve ?”
Soupirant, elle dit :
”Voila que le vieux m'a abandonnée ici... et sans fermer les instruments qui plus est... J'en ai marre...”
Tout à coup, son pied fit crisser quelque chose sur le sol.


- Voila encore autre chose !
Il casse de la verrerie et qui c'est qui doit encore tout nettoyer ?
Ben c'est Sophie...
La jeune femme s'agenouilla pour rassembler les morceaux de verre.

- Mais c'est pas vrai, en plus il n'était pas vide, y'en a partout sur le sol !
En plus ça colle ce truc !
Heureusement que j'ai encore les gants...
Mais bien qu'elle avait profité d'un léger sommeil, ses mouvements étaient encore lents et mal assurés à cause de la fatigue, ce qui suffit pour qu'un éclat pointu vint se ficher dans un de ses doigts.

- AIE !
Mais m***e à la fin !
Mais qu'est ce que je fous ici, un diman... non lundi matin maintenant, à me percer la main sur du verre cassé par un vieux complètement sénile ?!
En plus ça va saigner maintenant !

Mais contre toute attente, à l'endroit où le verre avait percé le gant et blessé la main, aucune marque n'était présente !
Même le latex ne semblait pas avoir été touché en aucune façon, la douleur même avait disparu...

- Voila autre chose maintenant !
J'étais pourtant sur de m'être blessée à l'instant ! Ai-je des
hallucinations ? Qu'est ce qui m'arrive ?!....... Mon Dieu je paris que ce sont les vapeurs du produit
! J'aurais du m'en douter plus tôt ! Et le vieux qui ne travaillait même pas sous hôte protectrice,
complètement fêlé !

- D'ailleurs où est-il à la fin ?!
Il n'a même pas laisser de mot cet égoïste...
Bon aller c'est fini, je file d'ici, et je laisse tout en plan.
Après tout c'est lui le responsable de l'expérience, on verra bien sa réaction demain... enfin tout à l'heure....

Ainsi la jeune femme quitta la salle telle qu'elle, verrouillant la porte en sortant, sans se douter qu'à travers les barreaux de la ventilation, des yeux étranges n'avaient rien laissé échapper de la scène qui venait de se dérouler...

Lundi 7 Mai 6008, 7h30 AM
Ultima Thule – Campus universitaire– Faculté des Sciences & Techniques

Temps maussade.
Le ciel couvert de nuages grisâtres ne laissait guère passer les maigres rayon du Printemps.
Une bruine légère se déposait sur les vitres des bâtiments, qui paraissait autant de perles suspendu en l'air.
Les lampadaires eux mêmes semblaient hésiter à s'éteindre, et on pouvait entendre le bruit mêlé des voitures matinales au bruissement des branches des arbres répartis à travers le campus.

“Un temps pourri... Idéal pour un lundi matin” pensa Will ironiquement.
“Mais quelle idée de m'être levé à une heure pareille ?!....
Ah oui, j'me rappelle, TD de Math...” continua t'il avec un soupir.

Des cheveux noirs coiffés de gel, une jeune barbe hirsute recouvrant le bas du visage le vieillissant de plusieurs années, William passait plus facilement pour un professeur qu'un élève de première année à la Fac.
Son sac beige toujours en bandoulière, ses lunettes et sa stature plutôt massive en faisait quelqu'un de facilement identifiable dans les couloirs.
Il poussa les portes vitrées du Grand Hall.
Celui-ci était plutôt un immense couloir traversant de part en part le bâtiment.
A sa gauche s'ouvraient les portes à double battant en bois donnant sur les vieux amphithéâtres, à sa droite des escaliers montaient soit aux étages, ou descendaient aux sous-sols.
- Faut que je prenne un café rapidement ... marmonna t'il, sinon j'vais encore dormir sur la table...
Virant aussitôt à sa droite, il prit les escaliers descendant et se dirigea vers la cafétéria.
En réalité, ce n'était pas un vrai self-service, celui-ci ayant été fermé quelques années auparavant pour manque d'effectifs parmi les étudiants en Sciences.
A présent c'était une salle allongée à l'étage des sous sols, aménagée avec quelques tables et chaises, avec divers distributeurs automatiques...
C'était devenu le lieu de rendez-vous tout les matins (et parfois plus tard) pour les personnes qui s'étaient levée, mais qui avaient laissés leur tête
sur l'oreiller, étudiants comme professeurs.
Se dirigeant droit sur la machine à café, elle qui semblait ce matin la chose la plus appréciable au monde, il aperçu un visage familier, tout aussi endormi que la majorité présente à cette heure.
Il introduisit une pièce dans la machine, prit la précieuse boisson , et se dirigea vers la table.
- Kévin ! Ohoh Kévin ?! Ma parole, t'es aussi endormi que moi ? lança t'il en donnant une vive claque dans le dos à la personne assise.
- Hmmmmm!? Quoi ?! On nous attaque ! Tous à terre ! sursauta Kévin.
Hum...
Ah Will ! Bordel ça se fait pas de réveiller les gens comme ça !
Tu veux que je crève ?
- Ce qui se fait pas, c'est de faire des prépas commando à ton âge ! ria t'il.
Comment vas tu depuis vendredi soir ?
T'en tenais une bonne héhé !
Le regard de travers, Kévin lui répondit :
- Je n'étais pas le seul si je m'en rappelle bien non ?
La route semblait sinueuse aussi pour toi !
Répondit il, le visage moqueur.
- Hum...
Passons sous silence ce détail s'il te plait, ok ?
De toute manière, je ne voulais pas te voir pour ça, mais pour une chose plus importante... Strange World.
- Strange World ... Ah oui le site internet !
Et bien qu'est ce qui se passe ?
- Ho presque rien, à part peut être que les taux de visite tombent en flèche depuis maintenant 3 jours, et que ça devient inquiétant...
- Ne t'en fais pas, je paris que ce n'est qu'une mauvaise période, qui a dit que l'extraordinaire attirait continuellement les foules ?

- Non ce n'est pas seulement une mauvais période !!
Ecoute, voila maintenant un mois qu'on à pas rajouté de nouvel article !!
Les internautes se lassent, ils nous lâchent un par un !!
Bientôt on aura plus qu'à fermer le site !