Les larmes roulent sur mes joues. Je me retrouve caché derrière de grandes bennes en fer, comme dans mon rêve. Etait-ce alors un rêve prémonitoire ? Où juste une coïncidence ? Ou était-ce encore juste une situation que j'avais vraiment vécu... Les flics me recherchent pour de bon cette fois-ci, quoi qu'il en ai été avant. Là je suis vraiment dans la merde, pas de famille pour m'aider, pas d'endroits où aller pour être en sûreté. Putain pourquoi moi ?... J'ai que onze ans bordel... J'ai encore plus faim que tout à l'heure, j'ai froid, j'ai peur... Autour de moi ne traînent que rats et papiers jetés. Je prends un journal avec la date d'aujourd'hui. Le gros titre attire toute mon attention: "LE VAMPIRE FRAPPE ENCORE". Tiens donc, c'est quoi cette histoire. J'ouvre le journal à la deuxième page pour tout lire... les images sont celles du flic bouffé dans sa cellule. Ah parce qu'ils l'ont appelé le vampire maintenant ? Encore une connerie de journaliste pour faire plus peur aux gens que nécessaire. En lisant l'article, j'apprends que certaines des corps retrouvés dans les différents carnages n'avaient pas eu la gorge arrachée mais avait par contre deux trous dans le cou. Voilà donc pourquoi on appelait ce salaud "le vampire". Ben il a réussi à avoir l'effet voulu. Et grâce à lui je me retrouve dans la merde jusqu'aux ch'veux. Snif... Qu'est ce que je vais foutre moi ? Je pourrais peut-être rejoindre la lie de cette ville pour y trouver le réconfort, sinon le confort, dont j'ai à présent le plus grand besoin.
Le visage strié de larmes séchés, les genous saignant des nombreuses chutes lors de ma fuite et l'esprit vagabondant dans l'impossible de ma situation, je me dirige vers les quartiers les plus pauvres... ceux où les ruelles sont remplies de mecs jetés chez eux, des ruinés, des bons à rien. La perspective de me retrouver avec eux me faisaient un peu peur, certains d'entre eux sont des délinquants aprés tout... mais je n'ai pas le choix. Arrivant là-bas, je me mets en quête de bouffe. C'est probablement pas bon, mais quand il faut manger uniquement pour survivre, on regarde pas ce qu'on mange. Un vieux édenté me tend un morceau de pain un peu moisi et à moitié bouffé. Pas le choix... Je le remercies et me jette sur ce piètre repas. Mais je n'arrive pas à l'avaler. Impossible, mon corps le rejette et je me retrouve à vomir et hoqueter de douleur en sentant du liquide remonter mon oesophage pour finir en gerbe contre un mur. Ce liquide qui devrait avoir une couleur des plus répugnantes est en fait rouge... rouge sang pour être précis. Et merde, je vais mourir ou quoi, c'est quoi encore ça ? J'en ai pas assez eu ? Le vieux reprend son bout de pain que je suis en fait en train de réduire en miettes dans ma main. La faim me fait de plus en lpus mal... comment je peux avoir faim alors que je viens juste d'étaler... ben je sais même pas ce que j'ai étalé en plus... au secours... Puis je sais pas comment, j'arrive à m'endormir. J'ai d'ailleurs juste le temps de remercier le vieux qui m'a recouvert de cartons et d'une vieille couverture avant de sombrer.
Je me réveil en sursautant; pas trés loin de moi, j'entends trois gars qui parlent en chuchotant... un peu trop forts d'ailleurs puisque j'arrive à les entendre.
"C'est lui je te dis. Je l'ai vu tout à l'heure. Il a dégueulé en essayant de bouffer et c'est du sang qui est remonté de son estomac. Je suis sûr que c'est lui le vampire" dit une voix trés grave.
"Mouais, en même temps si c'est vraiment lui pourquoi il ne s'est pas caché ? Il devrait être en train de se planquer là", dit une seconde voix.
"Simple, c'est un gamin, il a peur. Il sait probablement pas où aller. De plus, j'te rappelle que j'ai vu sa photo chez lui, là où on a retrouvé Fabien et la nana massacrés" assure la première personne.
"Ouais enfin, simple gamin ou pas, il a massacré plus de vingt personnes en maintenant 3 semaines et demie... alors autant faire gaffe", prévient le troisième gars d'une voix douce, celle d'un homme qui a l'habitude d'être discret.
Ben autant dire que j'ai pas attendu d'entendre comment ils allaient s'y prendre pour me chopper. Je me suis barré sans une ni deux. Putain mais c'est pas vrai ! C'est quoi ces mongoliens... ils font pas gaffe à ce qu'ils disent ou quoi ? Un gamin d'onze ans qui parvient à massacrer 24 personnes en deux semaines ? En comptant un flic armé ? Mais ils ont fumé ou quoi ? Enfin, drogués ou pas, ils sont quand même aprés mon cul. J'arrive dans un autre quartier, du même genre que celui que je viens de quitter. Vite fait, je me cache dans un coin en m'enfouissant sous une pile de cartons. je suis ptêt pourchasser mais je suis trop crevé pour aller plus loin j'ai encore faim. On verra ce que je ferais, ou ce qu'on me fera, une fois que j'aurais dormi un peu et puis tant pis si je me fait trancher la gorge dans la nuit...