Dans Bloodwars, les choses ne sont pas si différentes. La preuve étant que lorsque l'on écrase un adversaire sans subir le moindre mal, on en rit.
Alors que lorsque l'on ne gagne que de peu, on en est satisfait, fier... Il n'y a aucun mérite à trahir, tromper et vaincre par ces moyens.
Le mérite, c'est de réussir à se distinguer des autres par son courage et sa valeur. Il est plus honnorifique de vaincre un adversaire qui a les moyens de nous battre plutôt que d'écraser un pauvre hère qui n'avait aucune chance au départ.
En ce sens, la diplomatie joue un rôle bien précis, elle permet d'équilibrer les forces en présence. Si tout les joueurs prenaient à coeur d'équilibrer les combats, les mercenaires n'auraient plus aucune raison d'être.
Et puis, avec un peu de diplomatie, on peut avoir de l'estime pour son adversaire et être honnoré d'avoir été vaincu par ce dernier.
Alors je pense que ce sont les laches qui pourrissent le jeu et non pas les patch mis en place pour équilibrer la balance, pour donner une chance aux plus faibles de rivaliser avec les plus grands... De rivaliser sans pour autant devoir être dépendant d'un clan ou d'un autre joueur.
"Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force ?
Non, merci. Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l'espoir vil de voir, aux lèvres d'un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d'un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, à l'endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?
Non, merci. D'une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l'autre, on arrose le chou,
Et, donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci. Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci. Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ?
Non, merci. S'aller faire nommer pape par les conciles
Que dans des cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci. Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres ? Non,
Merci. Ne découvrir du talent qu'aux mazettes ?
Etre terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse: "Oh ! pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François ?"
Non merci. Calculer, avoir peur, être blême,
Aimer mieux faire une visite qu'un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci !
Mais... chanter, Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l'oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N'écrire jamais rien qui de soi ne sortit
Et, modeste d'ailleurs, se dire: mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d'en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,
Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !"
Edmond ROSTAND, Cyrano de Bergerac, Acte II, scène 8 (Extrait), 1897